PLF 2025 : une concrétisation de l’État social selon la majorité, une logique comptable pour l’opposition
Les groupes de la majorité à la Chambre des Conseillers ont considéré, mercredi, que le projet de loi de finances (PLF) de l’année 2025 constitue une concrétisation de l’État social, tandis que l’opposition a estimé qu’il obéit à une logique comptable. ors d’une séance plénière, tenue en présence de la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah, et du ministre délégué chargé du Budget, Fouzi Lekjaa, consacrée à la discussion générale de la première partie du PLF, les interventions des groupes de la majorité ont souligné que ce projet reflète l’engagement du gouvernement à poursuivre la généralisation de la protection sociale, avec une enveloppe budgétaire globale d’environ 37 MMDH. L’Exécutif prévoit également 33 MMDH pour le secteur de la santé, 12 MMDH supplémentaires pour l’éducation, près de 17 MMDH pour la Caisse de compensation et 20 MMDH pour honorer les engagements pris dans le cadre du dialogue social. Concernant la question du logement, la majorité a mis en avant la poursuite du programme de lutte contre l’habitat insalubre, avec une enveloppe de 9 MMDH, ainsi que l’allocation de 4 MMDH pour l’aide directe à l’acquisition d’un logement principal, de 2,3 MMDH pour le programme « Villes sans bidonvilles » et de 2 MMDH en faveur du Fond solidarité habitat et intégration urbaine. La majorité a également salué la qualité des discussions sur ce PLF et la réactivité du gouvernement face à des amendements visant principalement à alléger la pression fiscale, notamment pour les retraités, les petits agriculteurs cultivant des cultures vivrières. De son côté, l’opposition a critiqué le PLF 2025, le qualifiant de « cadre dicté, comme les précédents, par une logique comptable étroite, axée sur les équilibres macroéconomiques au détriment des équilibres sociaux ». Elle a aussi estimé qu’il repose sur des prévisions et des indicateurs « irréalistes et irréalisables ». Toujours selon l’opposition, ce projet de loi continue de chercher des solutions techniques à des problématiques à caractère social, en utilisant des mécanismes de « compensation » pour assurer l’équilibre, notamment par l’élargissement de l’assiette fiscale à plusieurs produits, biens et services, en contrepartie de la réduction des droits de douane, sans mesurer l’impact sur de nombreuses catégories sociales et produits locaux. Les groupes de l’opposition, qui ont salué l’élargissement de l’assiette fiscale et l’augmentation des recettes de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), ont déploré que cette hausse ne se reflète pas sur la structure de l’économie nationale, ni sur la vie quotidienne des citoyens. Pour sa part, le groupe de l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) a salué l’approche gouvernementale dans le dialogue social, qui a permis d’entamer des réformes dans les secteurs de l’éducation et de la santé, avec une hausse des budgets alloués, perçue comme un « indicateur de volonté de réforme », appelant à accompagner cette augmentation des budgets par des mécanismes de gouvernance et d’évaluation. Le groupe a aussi salué la décision du gouvernement de placer la question de l’emploi à la tête de ses priorités, malgré les défis liés à la sécheresse et à ses répercussions sur le marché du travail et le chômage, relevant que l’allocation de 14 MMDH à une feuille de route pour le développement de l’emploi est importante, mais nécessite une bonne gouvernance en matière de gestion et de mise en œuvre. Par ailleurs, le groupe Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) a, quant à lui, félicité le gouvernement pour son interaction positive avec ses amendements, notamment concernant la poursuite du renforcement des piliers de l’État social, via la « décision historique » d’exonérer totalement les pensions et rentes viagères dans le cadre des régimes de retraite de base et ce, à deux étapes (le 1er janvier 2025 et le 1er janvier 2026). Le groupe CGEM a, en outre, apprécié les efforts pour améliorer la qualité de l’éducation et de la formation au Maroc, notamment par l’élargissement des exemptions de TVA sur les équipements destinés à l’éducation privée et à la formation professionnelle, à condition qu’ils soient inscrits dans les immobilisations des établissements concernés.