Quand le laxisme et les faux fuyants deviennent la marque de fabrique de la diplomatie espagnole

Pourquoi l’Espagne s’obstine à rendre ses relations avec le Maroc toxiques ? Quel intérêt en tirera-t-elle en hypothéquant des relations historiques et stratégiques avec son voisin du sud ? A qui profite de soumettre les relations de voisinage entre les deux pays à une zone de fortes turbulences ? Au regard de l’évolution des relations du Maroc avec ses voisins du Nord, notamment l’Espagne et l’Allemagne, ces questions restent sans réponses, traduisant une insoutenable légèreté du gouvernement espagnol dans la gestion de ses relations avec le Royaume. Visiblement pris à court par la fermeté des autorités marocaines et de leur foi en la justesse de leur choix, le gouvernement espagnol a préféré jusqu’ici esquiver plutôt que fournir des réponses convaincantes, privilégier la fuite en avant, en lieu et place de rectifier le tir ou tout le moins d’appréhender ses relations avec son partenaire stratégique conformément à une démarche transparente et courageuse. Peut-on en vouloir au Maroc, trahi, frustré et exaspéré par un pays qui préfère brouiller les cartes en faisant obéir ses relations à une géométrie variable, à des faux calculs ? En franchissant un grand pas en arrière et en osant sacrifier son partenaire historique et privilégié sur l’autel de faux semblants, le gouvernement espagnol n’a pas seulement oublié le Maroc en tant que pays ami, mais il a fini par créer une brouille dont il s’est montré jusqu’ici incapable de lui trouver des bons arguments pour contenir ses effets et de remettre les choses en bon ordre de marche. Comment expliquer dès lors cette surprenante hostilité manifestée par certains pays européens à l’instar de l’Espagne et de l’Allemagne, au Maroc qui survient curieusement après la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara ? Pourquoi cette nouvelle donne, qui marque indiscutablement le succès de la démarche initiée sous la conduite sage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, les a indisposés, et n’a pas correspondu à leur goût du jour ? Ce qui étonne, c’est que quatre jours seulement après la reconnaissance des USA de la marocanité du Sahara, la ministre espagnole des Affaires étrangères, Arancha Gonzalez Laya a fait un étalage de son hostilité à la souveraineté du Royaume sur ses territoires. Elle a soutenu, sans réserve, que la solution de la question du Sahara « ne dépend pas de la volonté ou de l’action unilatérale d’un pays, quelle que soit sa grandeur ». « Sur ce dossier le centre de gravité se situe à l’ONU », a-t-elle indiqué. La réponse la plus plausible à cette hostilité, inexplicable, exprimée par le gouvernement espagnol à son voisin du sud, est gratuite et non fondée. Manuel Valls, ancien Premier ministre français et espagnol d’origine, a fait le bon diagnostic estimant qu’au sein du gouvernement espagnol, il y a un allié minoritaire, le parti « Podemos » qui se cantonne dans une ancienne rhétorique, de ce que devraient être les provinces du Sud du Royaume, « en refusant de voir la dynamique marocaine sur le terrain ». Et d’ajouter que « nous avons tout intérêt à une relation apaisée avec le Maroc car les pays européens qui veulent l’inverse, perdent à chaque fois ! » Ce qui est suspect dans cette brouille, c’est l’accueil par l’Espagne du chef des milices du « polisario » sous une fausse identité sans tenir compte des relations de bon voisinage qui exigent coordination et consultation ou du moins information. L’Espagne, premier partenaire commercial du Maroc a accueilli en cachette le dénommé Brahim Ghali sous de fallacieuses raisons humanitaires depuis le 21 avril à Logroño dans le nord de l’Espagne. Ce qui interloque et pousse à un grand questionnement c’est que ce dernier est arrivé dans la péninsule à bord d’un avion affrété par les autorités algériennes, avec un passeport diplomatique établi sous un faux nom ! Dans le cas d’espèce, l’Espagne s’est empêtrée dans une équation simple ayant plusieurs variables. Elle s’est trouvée prisonnière de ses propres contradictions. Dès lors, pourrait-on concevoir, au regard de ces évolutions inappropriées, que le partenariat entre les deux pays soit « global et recouvre l’ensemble des dimensions politique, économique, commerciale, humaine et policière » ? La réponse du ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita a été on n’en peut plus claire, estimant que « lorsqu’il s’agit de manigancer avec l’Algérie et le -polisario-, le Maroc sort de l’écran du radar de l’Espagne, mais quand on parle d’émigration ou du terrorisme, on redevient important ». « C’est un test sur la fiabilité de nos relations et de sa sincérité, et sur la question de savoir si elles sont plus qu’un slogan », renchérit-il. Pour les spécialistes, manifestement, aujourd’hui l’Europe se trouve dans ses relations avec le Maroc face à ses propres responsabilités, ses propres contradictions. Elle se doit, surtout, d’opter pour des choix qui soient en cohérence avec ses intérêts et ne pas céder aux surenchères stériles et aux calculs étriqués qui sont à l’origine de bien d’incompréhensions et d’amalgames. Peut-on dans ces conditions demander au Maroc de continuer à jouer le rôle de gendarme efficace de l’Europe dans son flanc sud, tout en continuant à subir un traitement aux relents obscurs et égoïstes ? Toute la question est là !