La dissidence sahraouie dénonce à Nouakchott le visage mafieux du Polisario

Les dirigeants du Polisario qui se sont fait plébisciter lors du 13ème congrès de leur mouvement à Tifariti, sont pris en tenailles tant par leurs opposants internes que par ceux qui se sont expatriés. L’actuelle direction du Polisario reflète « l’état d’esprit d’une dictature mafieuse aux commandes depuis toujours et qui n’entend pas changer d’un iota », a commenté le coordinateur du mouvement « Khatt Echahid » (Ligne du Martyr), Mahjoub Ould Saleck. A l’issue d’une rencontre des dissidents du Polisario à Nouakchott, Ould Saleck a qualifié de « risibles » les résultats du 13ème congrès du Polisario tenu en décembre dernier et qui a vu « la réélection de Mohamed Ould Abdelaziz à 96,99 pc des suffrages des congressistes ». L’opposant, dont les propos ont été rapportés mercredi par « Le Quotidien de Nouakchott », a expliqué que les résultats de ce congrès « dénotent d’un entêtement d’une poignée de dirigeants dont la gestion de la question sahraouie reste scabreuse, utilisant les populations des camps comme monnaie d’échange ». « C’est comme si cette mafia n’était pas de ce monde avec tous les bouleversements politiques intervenus avec le Printemps arabe », a-t-il dit, affirmant que les populations sahraouies dans les camps de Tindouf «sont désabusées par tant de légèreté politique ».

Le coordinateur de « Khatt Echahid » a en outre, qualifié d’illégitime et d’irrégulière la tenue de ce congrès qui, dit-il, ne répond à aucun critère de transparence et de démocratie. La « Commission électorale » était composée essentiellement de personnes à la solde des dirigeants sortants et à leur tête Mohamed Abdelaziz. Après avoir été libéré en 2003, de sa prison dans les camps de Tindouf, Ould Saleck qui vit actuellement en Espagne, a fondé une organisation d’opposition politique au Front Polisario, baptisée « Khatt Echahid ». Pour faire passer Khadija Hamdi, l’épouse de Mohamed Abdelaziz, la commission « a repêché trois autres femmes pour faire bonne figure, mais tout cela n’est que de la poudre aux yeux », a expliqué Ould Saleck qui assistait dernièrement à Nouakchott, à une rencontre de coordination de l’opposition sahraouie. Celle-ci a regroupé plusieurs opposants et mouvances venant d’Europe, de Tindouf, d’Espagne outre les représentants des sahraouis présents sur le sol mauritanien. L’actuelle direction du Polisario « se contente de faire du surplace pour faire perdurer ses dividendes », a fait constater l’opposant Ould Saleck, assurant que la question sahraouie « leur est sortie des mains et qu’elle est abordée par les actuels dirigeants suivant le prisme et l’agenda algérien ». La solution au conflit du Sahara, conclut-il, ne pourrait venir que « d’un rapprochement entre le Maroc et l’Algérie pour une issue consensuelle ».