Otages : comment se sont croisés les chemins d’Aqmi et du Polisario
L’opération de la police mauritanienne menée le 6 novembre à Nouadhibou, si elle a permis l’arrestation de deux éléments du Polisario responsables de l’enlèvement de trois Occidentaux, elle n’a toutefois pas réussi à obtenir des informations sur le sort des captifs. Aucune indication sur les trois otages (deux espagnols et une italienne) qui seraient entre les mains d’un groupe d’Al Qaida au Maghreb Islamique n’était disponible après l’arrestation des deux ravisseurs sahraouis. Selon la police mauritanienne, Aghdafna Hamady Ahmed Baba et Maminna Alaaguir Ahmed Baba, sont les auteurs principaux du rapt. Celui-ci a eu lieu le 23 octobre dans le camp de Rabouni, situé près de Tindouf en Algérie. Le camp est contrôlé par le Polisario qui lutte, avec le soutien de l’Algérie, contre le Maroc pour l’indépendance de la région du Sahara occidental.
Leur arrestation intervient moins de deux semaines après les aveux faits par deux membres d’Aqmi, qui ont été faits prisonniers le 22 novembre par l’armée algérienne en Kabylie. Les révélations des deux jihadistes ont alors orienté l’enquête vers la piste d’Aqmi, qui aurait bénéficié de la complicité des éléments du Polisario pour réussir l’opération. De leur côté, les services de sécurité mauritaniens ont assuré qu’après leur enlèvement dans le camp du Polisario, les trois Occidentaux ont été livrés à des hommes de Mokhtar Belmokhtar, l’un des chefs les plus sanguinaires d’Aqmi. L’absence de revendication par les groupes terroristes d’Aqmi avait accrédité la thèse de l’enlèvement par des éléments du Front Polisario. Une thèse qui a tendance à se confirmer avec l’interruption brutale de l’aide versée au Polisario par Kadhafi de son vivant. Désoeuvrés, de nombreux combattants du Polisario se convertissent dans toutes sortes de trafics dans les étendues désertiques sahélo-sahariennes: trafics d’armes, de drogue et de cigarettes, facilitation de l’émigration clandestine de subsahariens, sous-traitance d’opérations de surveillance des déplacements des armées des pays voisins et de prise d’otages pour rançonner les pays occidentaux… C’est ainsi que les chemins d’Aqmi et de nombreux éléments du Polisario se sont croisés.