Le Polisario embarrassé par l’évolution de l’enquête sur le rapt de Tindouf

L’affaire du rapt de trois ressortissants européens dans les camps de Tindouf, sous contrôle du Polisario, commence à livrer ses secrets. Des éléments agissant pour le compte d’une katiba du réseau terroriste d’Al Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi) ont été appréhendés dernièrement par les services de sécurité algériens. Les suspects agiraient sous les ordres de l’un des chefs de guerre les plus radicaux et les plus violents d’Aqmi, l’Algérien Abid Hammadou – alias Abdelhamid Abou Zeid. Ils sont soupçonnés d’avoir participé à l’enlèvement le 23octobre dernier, des deux humanitaires espagnoles et d’une Italienne dans le camp de Rabouni près de Tindouf, hautement surveillé par des unités de l’armée algérienne. Les suspects ont révélé avoir joué l’intermédiaire entre les ravisseurs d’Aqmi et les services de sécurité du Polisario pour faciliter l’enlèvement des trois otages et leur acheminement au nord du Mali, où ils ont été remis aux combattants d’Abou Zeid. Les enquêteurs algériens n’excluent dans ce rapt, aucune piste y compris celle d’une complicité avérée d’éléments du Polisario qui ont rallié les rangs d’Aqmi.

Compte tenu de leur connaissance parfaite du terrain, ces derniers se sont facilement intégrés dans des groupes d’Aqmi dédiés aux enlèvements des occidentaux dans la région du Sahel et aux trafics de tout genre. Un premier suspect a été arrêté la semaine dernière, à un barrage de police entre El Ménéa et Ain Saleh (près de 1000 km au sud d’Alger) et le second lors d’un contrôle des services de sécurité, à 140 km au nord de Tindouf. Dans leurs aveux, ils ont révélé avoir également fourni des renseignements au groupe des ravisseurs et facilité leur déplacement sur le sol algérien avant et après l’enlèvement des trois européens dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf. Selon les deux suspects, une des trois cellules chargées des kidnappings, serait constitué de « mercenaires et de membres non liés à Aqmi mais qui ont une relation directe avec l’émir Mokhtar Belmokhtar, de nationalité algérienne. C’est à cette cellule qu’appartiennent la plupart des éléments provenant des milices armées du Polisario, alors que des éléments ont rejoint d’autres Katibas d’al Qaïda dirigées également par des émirs algériens. Avec l’enlèvement de cinq touristes occidentaux la semaine dernière au Nord du Mali, ce sont au total, neuf ressortissants Européens, dont six Français, qui se trouvent désormais entre les mains des Djihadistes d’Aqmi au Sahel, sans compter le touriste allemand qui a été assassiné vendredi 25 novembre, par ses ravisseurs à Tombouctou. Au fur et à mesure qu’avance l’enquête des services de sécurité algériens, les dirigeants du Polisario se sentent de plus en plus dans l’embarras non seulement vis-à-vis des autorités de leur pays d’accueil, l’Algérie, mais surtout envers les ONG humanitaires internationales qui fournissent régulièrement aide et assistance aux réfugiés sahraouis séquestrés à Tindouf.