Rapt : Alger et le Polisario dans la ligne de mire des médias internationaux

Depuis le mystérieux enlèvement des deux humanitaires espagnols et d’une Italienne dans le camp hautement surveillé de Rabouni près de Tindouf (sud-ouest de l’Algérie), le pouvoir algérien et le Polisario se trouvent dans le collimateur de la presse internationale. Pour l’hebdomadaire français « Valeurs actuelles », ce rapt survenu le 23 octobre dernier, vient confirmer la dangerosité de cette zone sahélo-saharienne, parcourue en permanence par des bandes armées. Rappelant que c’est dans cette même région, au nord du Mali, que quatre Français sont toujours captifs, après avoir été enlevés le 15 septembre 2010 à Arlit (nord du Niger), la publication soutient que cette nouvelle affaire « semble impliquer le Front Polisario, marionnette de l’Algérie depuis plus de trente ans ». « Si elle était prouvée, cette implication aurait des conséquences importantes dans l’approche régionale de la sécurité et sur les relations, déjà tendues, entre Alger et Rabat », relève l’hebdomadaire dans un article intitulé « Mauvais signaux à Tindouf » Même si le Polisario a condamné l’enlèvement des trois otages, parlant d’un « acte terroriste » d’Al Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi), « cet enlèvement peut permettre de relier le pouvoir algérien, parrain et protecteur du Polisario, aux actions terroristes et mafieuses menées sur le terrain, même à mille six cents kilomètres au sud d’Alger » souligne l’auteur de l’article.

« Aujourd’hui exsangue, abandonné par une partie de sa population et de ses chefs, mais toujours tenu à bout de bras par l’Algérie qui en fait une arme contre le Maroc, le Polisario et son projet de +RASD+ sont des reliquats de la guerre froide », commente le journal. Les éléments du mouvement séparatiste, rappelle-t-il, ont basculé dans la contrebande, ce qui entretient l’insécurité entre Tindouf, le Mali et la Mauritanie, une zone pourtant surveillée de près par les services algériens. Cité par l’hebdomadaire, le directeur de l’Observatoire d’études géopolitiques, Charles Saint-Prot, relève que « la leçon de ces événements est que l’aventure séparatiste anti-marocaine du Polisario reste la principale source de déstabilisation dans la région du Maghreb et au Sahel, avec Aqmi qui n’est pas sans accointances avec des membres du Polisario ». Il y a de quoi inquiéter tous les pays du voisinage même ceux du sud de l’Europe.