Le Polisario est-il comme Aqmi un élément déstabilisateur au Maghreb et au Sahel ?
Il n’y a pas que les combattants d’Al-Qaida au Maghreb Islamique (Aqmi) qui ont profité de l’état de confusion qui régnait sur le front libyen pour renflouer ses stocks d’armement et consolider ses positions dans la région du Sahel.
Les mercenaires du front Polisario qui ont combattu aux côtés des troupes fidèles au défunt guide libyen Mouammar Kadhafi ont eux aussi profité de cette manne pour s’imposer en étendant leur domination en dehors des camps de Tindouf. Après avoir ramené un important butin d’armes prises dans les stocks de l’armée libyenne, certains de ces mercenaires cherchent à emboîter le pas aux djihadistes d’Aqmi ont se lancé sur les opérations très lucratives d’enlèvement d’otages occidentaux.
Car, ils sont pleinement conscients que les armes sans l’argent leur force de frappe demeure très limitée. C’est ce que le directeur de l’Observatoire d’études géopolitiques (OEG) à Paris, Charles Saint-Prot a essayé d’expliquer en affirmant que le Polisario, à l’instar de la franchise d’Al-Qaida au Maghreb Islamique, est le principal facteur de désordre et de déstabilisation dans les régions maghrébine et sahélienne. Dans une déclaration, samedi, à Radio Médi 1, Saint-Prot précise que l’enlèvement de trois humanitaires européens, le 23 octobre dernier dans les camps de Tindouf, « démontre que non seulement l’affaire séparatiste contre le Maroc n’a plus aucun sens, mais qu’il est temps de faire les pressions qui s’imposent sur le sponsor du Polisario pour que cette aventure cesse ».
Ce rapt, a-t-il soutenu, démontre également que « l’Algérie et le Polisario ne sont pas en mesure d’assurer la sécurité des personnes dans les camps de Tindouf et des zones qu’ils contrôlent » dans le désert algérien. Le retour des mercenaires du Polisario et algériens des terres libyennes, a-t-il ajouté, « va constituer de nouveau un facteur de désordre et de déstabilisation dans les régions du Maghreb et du Sahel ». L’enlèvement des deux humanitaires espagnols, Ainhoa Fernandez et Enric Gonyalons et de l’italienne, Rosella Urru, dans le camp hautement surveillé, de « Rabouni » qui abrite le quartier général du front Polisario, seraient en vie selon des informations provenant du Sahel. Le rapt attribué par le Polisario à Aqmi, n’a toujours pas été revendiqué une semaine après. Le Centre National d’Intelligence (CNI – Service de renseignement espagnol) pense que les trois humanitaires occidentaux ont été « vendus » à Mokhtar Belmokhtar, un des émirs du réseau Aqmi opérant dans le Nord du Mali. Les spécialistes des questions du terrorisme s’attendent à de nouvelles révélations surprenantes dans cette affaire d’enlèvement qui n’a pas livré tous ses secrets.