Sahara : Que peut faire Lakhdar Brahimi ?
Les dernières évolutions du dossier du Sahara, et les affrontements feutrés entre le Maroc et l’Algérie comportent un point fondamental pour la bonne compréhension du dossier : un choc générationnel. Au-delà du cliché de la différence d’âge, le fossé entre les dirigeants algériens et marocains se creuse également au niveau de la méthode et du style.
En effet, côté marocain, les quadras sont en première ligne pour porter la réforme, alors que du côté de l’Algérie, Mohammed Bedjaoui, du haut de ses soixante dix sept printemps, n’a eu de cesse de porter la contradiction, pendant plusieurs mois, sur un plan d’autonomie dont il n’avait même pas …connaissance.
Le point nodal se trouve là, dénigrer sans connaître, refuser sans comprendre, rejeter sans analyser, telle aura été la politique du ministre des affaires étrangères, guidé en cela par un agenda stratégique algérien dicté par la puissance du sous-sol, et une vision géographique de la région erronée.
Le Président Bouteflika lui-même, cette semaine, reconnaissait implicitement l’échec de son ministre des affaires étrangères, puisqu’il recevait dimanche dernier son successeur potentiel, Lakhdar Brahimi, au palais de la Mouradia.
M. Brahimi n’est pas un inconnu, loin s’en faut, il est un diplomate respecté, qui fut chargé de missions délicates pour l’ONU, en Irak, comme en Afghanistan.
Il fut également ministre des affaires étrangères de l’Algérie entre 1991 et 1993, et a eu, donc à gérer le dossier du Sahara durant cette période.
Cette nomination probable ne règle pas pour autant le problème du choc générationnel entre le Maroc et l’Algérie, que seul un changement radical de vision peut réduire. En effet, M. Brahimi aura face à lui un Maroc nouveau, inspiré, riche de ses talents, et volontariste en termes de règlement définitif du Sahara.
En l’état actuel des choses, l’on ne peut que lui souhaiter de mettre sa longue expérience dans la résolution de conflits autrement plus graves au service du règlement de l question du Sahara, en respectant les marocains et leurs valeurs.
En 1993, alors qu’il recevait son homologue français de l’époque, Roland Dumas, M. Brahimi avait déclaré, au sujet du Sahara, vouloir une « solution par voie de consensus ».
Il a maintenant l’occasion de s’engager dans ce consensus qu’il appelait de ses vœux…