Sahara : pour une union méditerranéenne prospère et sécurisée
«Ce qui a été fait pour l’union de l'Europe il y a soixante ans, nous allons le faire aujourd’hui de la Méditerranée ». Tels étaient les mots prononcés par le président français, fraîchement élu Nicolas Sarkozy. L’idée d’une union des pays méditerranéens n’est pas nouvelle. Elle avait été lancée par Le roi Mohamed VI, alors prince héritier, II y a quatorze ans, dans sa thèse de Doctorat sous le titre «la coopération entre l’union européene et le Maghreb ».
Le Roi du Maroc a, par ailleurs, précisé dans un article sous le titre « le Maroc et l’union européene à l’aube du XXI siècle »; publié par la revue Panoramiques (Cf. N°41 du 3éme trimestre 1999), que le Maroc revendique une coopération plus étroite et une meilleure prise en considération de la place et du rôle privilégié qu’il occupe sur l’échiquier international, de son rôle irremplaçable dans le maintien de la stabilité régionale et de la paix mondiale avant de conclure «le Maroc est en effet résolu à entreprendre toutes les réformes susceptibles d’assurer la pleine réussite de ce partenariat. Car, les défis ne lui font pas peur, il y trouve même un surcroît d’énergie et une émulation certaine. A l’Europe de manifester dans ses rapports avec le royaume un regain de solidarité nécessaire en vue de faire de ces relations un modèle de coopération pour le développement entre pays développés et pays en voie de développement. Comme l’écrivait, notre regretté professeur René Jean Dupuy dans son livre « l’humanité dans l’imaginaire des Nations»: l’humanité reste une communauté à construire, ce qui suppose des institutions qui mettent en forme les principes métajuridiques qu’elle suscite dans les consciences; le droit au développement, le droit à un environnement sain, le droit à la paix et d’autres encore. Droits au nom desquels le salut terrestre de l’humanité requiert la solidarité des nations.
le Roi Mohamed VI et le président Sarkozy font partie de cette nouvelle génération pour laquelle un regard sur l’avenir est toujours un acte de foi qui implique à la fois continuité et rupture, cette génération qui donne de l’espoir et de l’espérance.
Fort de sa vocation méditerranéenne, le Maroc a toujours manifesté son désir de voir une complémentarité entre les deux rives de la méditerranée se réaliser. Il dispose de tous les atouts pour jouer le rôle d’un acteur principal dans l’édification d’une aire euro- méditerranéenne, à condition que celle-ci soit l’expression d’un choix politique libre, résolu et irréversible. Le Maroc peut aussi se vanter que parmi les pays sud de la méditerranée, il répond beaucoup plus que d’autres aux exigences de cette Europe hier interdite.
Le Maroc séparé de l’Espagne, et donc de l’Europe, par un espace méditerranéen de quelques kilomètres qui peut être comblé par la construction d’une liaison fixe liant l’Europe à l’Afrique à construire sur le territoire des deux états riverains. Et comme disait feu Hassan II « le miracle de la mer n ‘est pas seulement celui de Moise, il peut être aussi celui de l’Espagne et du Maroc ».
Le Maroc jouit d’une stabilité interne qui est un composant, à moyen et à long terme, de la stabilité externe de la région. Les derniers incidents survenus à Casablanca n’ont eu aucun impact sur sa détermination et son engagement dans le respect des droits de l’Homme, des libertés fondamentales et du développement de la démocratie. Ceci avec une vigilance permanente pour lutter contre toutes les formes d’insécurités susceptibles de nuire à sa stabilité et celle de son environnement, sans oublier que la stabilité du Maroc et sa position géographique lui ont valu le statut d’allié stratégique de l’OTAN.
Le projet du président Sarkozy n’était pas seulement inclus dans un programme de campagne qui s’évapore après chaque élection, il s’agit d’une détermination reprise dans son discours d’installation le 16 mai 2007 : «je me battrai pour une Europe qui protège, pour l’union de la méditerranée et pour le développement de l’Afrique». En pleine compagne présidentielle des diplomates français ont critiqué le déficit «méditerranée » dont souffre la politique étrangère de la France. Rassemblés au sein d’un groupe informel appelé « Avicenne », ces diplomates ont élaboré un rapport destiné au prochain locataire de l’Elysée. Le nom d’Avicenne n’est pas fortuit, il s’agit du grand philosophe et homme de science musulman «Ibnou Sina », pour qui:
« Dans tout jugement c’est d’abord la vérité et la raison qui priment ». Les risques de retard dans la concrétisation de l’union méditerranéene ne peuvent être imputables qu’à ceux des pays du Maghreb. La France et l’Espagne, anciennes puissances coloniales, doivent s’investir pour aider à sortir l’affaire du Sahara de l’impasse car ils détiennent la vérité. La notion de sécurité en méditerranée présente une assez grande ressemblance avec les réactions chimiques.
il y a des mains tendues qui se joignent — à l’image des valences — d’autres en surnombre qui n’étreignent que du vide, d’autres enfin qui font défaut. Ce jeu ne peut plus durer face aux dangers qui guettent toute la région, car les événements se précipitent, surtout que les craintes de l’extension des dangers terroristes dans le Sahel sont réelles, et par conséquent, la naissance d’autres mouvements séparatistes pouvant entamer une généralisation de l’instabilité en Afrique et en méditerranée.
Excepté certaines mentalités éculées, toutes les bonnes volontés dans les pays concernés sont conscientes que sans le Maghreb associé à l’union méditerranéenne, la tiers mondialisation s’étend au creux des sociétés, dans le recul, dans le savoir, l’abandon des politiques de développement, où chacun peut rêver d’émigrer mais ne peut le faire. La dépendance dans les besoins des subsistances et le leurre de jouissances qu’offrent les médias et les prêches.
Sans le Maghreb associé à l’ensemble méditerranéen, il ne restera que le désespoir pour les générations nouvelles, les jeunes sans projet autre que le trafic ou l’exil. Le pessimisme pour l’immédiat est la justification de l’espoir pour le long terme, car «on peut tout changer sauf la géographie… » Comme disait Bismarck.
La création d’une union méditerranéenne à l’image de l’Euroland ou de Shenghen entre les pays de l’Europe méditerranéenne et les pays du Maghreb est une exigence à moyen terme, car aucun des pays ne peut seul faire face aux défis de ce début du siècle. Défi de la sécurité, de la lutte contre le terrorisme, de l’immigration clandestine et la grande criminalité, du développement durable, de la lutte contre la pauvreté. Combat à mener dans le respect des idéaux démocratiques et des droits de l’homme. Opportunité dont SM le roi était conscient bien avant son intronisation et que doivent saisir les responsables gouvernementaux, les partis politiques, la société civile et les partenaires économiques. L’union méditerranéenne est un projet salutaire pour la réalisation duquel toutes les forces vives des pays concernés doivent se mobiliser.
Berceau de plusieurs civilisations et des trois grandes religions monothéistes, la méditerranée est une terre de vision où l’homme occupe une position centrale soit en tant qu’individu soit en tant qu’élément de groupe qu’il s’agisse de la famille, de la tribu, de la région ou de la nation.
La valeur de l’être humain et de son devenir est la clé de la compréhension. L’espoir est dans l’instauration d’une politique de complémentarité et d’un système de communication à double sens, qui favoriserait la mobilité des Hommes, des idées et des biens dans la meilleure des traditions et des valeurs socioculturelles méditerranéennes.