Le Congrès appelle la présidente du Pérou à « dissocier » son pays de la pseudo-rasd

La présidente du Pérou, Dina Boluarte, a été invitée à « reconsidérer dans les plus brefs délais » la position de son pays à l’égard du Sahara marocain en « dissociant » le Pérou de la pseudo-rasd. Cet appel a été lancé par la présidente de la commission de la défense au congrès péruvien, Patricia Chirinos, à travers une lettre rendue publique lundi à Lima. Dans sa lettre adressée à Boluarte, Patricia Chirinos écrit qu’en vertu des prérogatives qui lui sont conférées par la loi péruvienne en tant que membre du Congrès de la République, « je lance un appel ferme pour une intervention de votre part, en tant que Présidente de la République (…) afin que le pouvoir exécutif que vous présidez reconsidère dans les plus brefs délais » la position du Pérou en « dissociant définitivement l’État péruvien de la rasd ». Cette « correction attendue » de la position du Pérou, ajoute la lettre de Chirinos, « sera perçue comme un acte transcendant d’amitié, surtout de la part d’une femme d’État », que le Maroc « accueillera comme un geste d’identification authentique avec l’intégrité territoriale du Royaume ». La députée péruvienne rappelle dans ce contexte « l’histoire commune » que partagent le Maroc et le Pérou et qui « nous invite à renforcer et à consolider les liens avec le Royaume du Maroc, une puissance de plus en plus importante en Afrique et dans le système actuel des relations internationales, et à œuvrer ensemble à la promotion de la paix, de la sécurité et du respect de l’intégrité territoriale ». Patricia Chirinos n’a pas manqué de rappeler dans sa lettre « la visite historique réalisée au Pérou par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, en 2004, qui a marqué un tournant en faveur de nos relations bilatérales, étant le premier chef d’État arabe et africain à se rendre au Pérou ». Elle a ajouté que les deux pays célèbrent en 2024, « le soixantième anniversaire de relations bilatérales ininterrompues, déterminées avec des missions diplomatiques ouvertes dans les deux capitales -Lima et Rabat-, depuis 1986, et toujours présidées par des ambassadeurs extraordinaires et plénipotentiaires, signe d’un lien politico-diplomatique de haut niveau, continu et permanent ». La lettre de Chirinos juge à ce stade nécessaire de rappeler que le Pérou avait reconnu la rasd en 1984, « dans un contexte international marqué par le monde bipolaire de la guerre froide, une position qui a été corrigée à juste titre en 1996, lorsque cette reconnaissance a été suspendue, ouvrant ainsi un nouveau chapitre bilatéral prometteur entre les États péruvien et marocain ». Toutefois, déplore la députée péruvienne, « ce positionnement de notre politique étrangère a été gravement affectée le 8 septembre 2021, lorsque, par un acte insolite et sans précédent, l’ancien président Pedro Castillo a décidé que notre pays devait faire marche arrière et reprendre les relations avec la rasd, ce qui a été considéré comme une rupture d’une position péruvienne inébranlable de plus de 24 ans de respect inconditionnel du droit international. Il convient de souligner que cette décision avait été modifiée le 18 août 2022 » par le biais d’un communiqué du ministère des affaires étrangères du Pérou. Encore une fois, poursuit la lettre, « le 8 septembre de la même année, l’ancien président Castillo a de nouveau annoncé son soutien à la rasd autoproclamée». Patricia Chirinos rappelle que de par son statut de membre du Congrès, « j’ai été systématiquement et constamment préoccupée par la question du Sahara marocain », ajoutant qu’en vertu du « droit international et des faits réels, la rasd n’est pas une entité réelle, car elle ne répond pas aux exigences de base d’un Etat, ce qui est encore plus vrai si nous prenons en compte qu’elle n’est pas reconnue par des organisations internationales telles que les Nations unies, l’Union européenne, la Ligue arabe ou  l’Organisation de la coopération islamique ». « D’ailleurs, si nous nous référons uniquement à la reconnaissance par un autre État, il convient de noter que 84 % des États membres de l’ONU ne reconnaissent pas cette entité séparatiste, et que la plupart des 30 pays qui entretiennent des relations avec la rasd sont des pays alignés sur des idéologies extrémistes, dont les pratiques démocratiques sont remises en question, ou qui se trouvent dans une situation de faillite de l’État ou de déclin inexorable vers le statut d’authentiques États faillis ». Dans le même ordre d’idées, Patricia Chirinos se dit préoccupée par « une série de menaces nouvelles et émergentes qui s’appuient, entre autres, sur l’interconnexion entre les États qui ne respectent pas les principes démocratiques et des organisations terroristes, des mouvements séparatistes ou du crime organisé. Cette situation, estime-t-elle, menace gravement la sécurité de nos pays, une menace qui s’est accrue dans la région latino-américaine, mettant nos peuples, notre unité, la paix et la souveraineté de nos États en grave danger de vulnérabilité ». En juin dernier, une délégation péruvienne avait visité les provinces du sud et apporté le soutien de cette institution législative à la marocanité du Sahara et à l’initiative d’autonomie marocaine.