Les échéances électorales de 2021 consacrent l’alternance démocratique dans le Royaume (universitaire)

Les échéances électorales, qui se sont déroulées le 8 septembre, ont consacré l’alternance démocratique au Maroc, a affirmé Najib Ba Mohammed, professeur à l’Université Sidi Mohammed Ben Abdellah (USMBA) de Fès. « Alors que les processus électoraux de 2011 et 2015, scellèrent démocratiquement le statut de force politique majeure du PJD sur l’échiquier institutionnel et politique national, les échéances électorales de 2021, consacrant stratégiquement, l’alternance démocratique, achevèrent la défaite, sans doute annoncée du PJD mais surprenante au regard du dérisoire nombre de sièges obtenus (13) aux élections à la Chambre des Représentants », a souligné M. Ba Mohammed dans une analyse intitulée « L’alternance démocratique a-t-elle été fatale à la mouvance islamiste PJD ? Quelques enseignements sur le processus électoral du 8 septembre 2021 ». Incapable d’offrir, après deux mandats consécutifs, une alternative crédible à son électorat, le PJD, miné par de fortes dissensions aborda sans grande conviction le processus électoral, le tassement pressenti de son influence contrastant avec son ancrage historique dans les villes, a estimé l’analyste. Pour l’universitaire, la victoire des « forces de substitution », anciens partenaires ou opposants (RNI, PAM, PI, USFP, MP, PPS, UC), ouvre diverses perspectives favorables à la redynamisation de la démocratie, représentative, parlementaire, régionale et locale, aux fins de répondre aux aspirations des masses et satisfaire aux exigences économiques et socioculturelles considérables. La référence constante aux prescriptions et engagements constitutionnels atteste de l’exception marocaine dans la gouvernance démocratique et pacifique de l’islamisme politique, a indiqué M. Ba Mohammed, soulignant que le processus électoral, libre, transparent et régulier, organisé dans un nouveau cadre normatif devrait assurer un renouvellement des élites « sélectionnées » pour redynamiser les instances de décisions et impulser les réformes nécessaires. Et de relever que l’un des faits marquants du processus électoral, tient dans le regain de civisme et de citoyenneté avec l’augmentation notable du nombre d’électeurs inscrits avec 18 millions de personnes (soit une augmentation de 14,5 % par rapport au corps électoral de 2016) et la participation massive des primo-votants âgés de 18 à 25 ans qui, influencés par le digital, plaident l’autodétermination au défi du patriarcat politique. La participation électorale s’est caractérisée, également, par un nombre élevé de candidats parmi lesquels les femmes représentent un tiers fort intéressant, au niveau des élections parlementaires (34 %), a-t-il ajouté. Tous ces éléments qui relèvent de la sociologie électorale interpellent à l’évidence les partis politiques appelés à repenser leur perception de la chose publique qui implique, outre une stratégie électorale efficiente, un comportement politique intelligent et responsable, a souligné M. Ba Mohammed, estimant que « ces formations continuent de pâtir d’une mauvaise image en dépit du nouveau statut que la nouvelle Constitution leur attribue et l’intérêt que le discours royal leur accorde » Si les enjeux de financement, de logistique de campagne, de relais locaux les rendent incontournables, c’est davantage sur leur capacité à « gouverner » que l’Etat et les citoyens les jugent, a encore ajouté le professeur à l’USMBA. Au demeurant, a-t-il poursuivi, les résultats électoraux enregistrés par les acteurs majeurs de « l’alternance démocratique » attestent de leur bonne gouvernance électorale.