L’avenir du Polisario se décide à Alger après le décès de son chef Mohamed Abdelaziz
Le secrétaire général du Polisario, Mohamed Abdelaziz s’est éteint mardi en début d’après-midi, à l’âge de 69 ans, des suites d’un cancer du poumon, a-t-on annoncé officiellement dans les camps de Tindouf, au sud-ouest de l’Algérie.
Mohamed Abdelaziz, natif de la ville marocaine de Marrakech, a pu se maintenir pendant quarante ans à la tête du front indépendantiste sahraoui «le Front Polisario», dont il est l’un des fondateurs et ce, grâce à la bénédiction de l’oligarchie militaire et du régime algérien.
Abdelaziz est l’un des fils de Khelili Mohamed Salem Rguibi, un soldat de l’armée marocaine à la retraite, qui n’a jamais quitté son pays natal le Maroc, où il vit avec le restant de sa famille.
Le successeur de Mohamed Abdelaziz, devrait être désigné dans quarante jours. En attendant, l’intérim est assuré par le président du Conseil national, Khatri Addouh.
La guerre de succession n’aura pas lieu comme l’avance certains médias, commente un diplomate occidental accrédité à Alger. Celui-ci pense que cette question sera tranchée en huis-clos à Alger et non pas au QG du front Polisario à Rabouni, dans les camps de Tindouf.
Le même diplomate explique que les grandes décisions concernant la gestion des camps de Tindouf, la politique extérieure du Polisario et son avenir, ont été toujours du ressort de l’oligarchie militaire algérienne et particulièrement de son département de renseignement et de sécurité (DRS- services secrets militaires) en concertation avec certains faucons du régime ouvertement hostiles à la normalisation avec le voisin marocain.
Pour ce diplomate, fin connaisseur des arcanes du régime algérien, les vieux généraux algériens porteraient leur choix sur Mohamed Lamine Bouhali, ex-ministre sahraoui de la Défense et un ex-officier issu de leurs rangs. Ce choix s’explique par le fait que Bouhali s’est toujours placé dans le camp radical du Front en privilégiant la reprise des armes contre le Maroc dans le litige autour du Sahara Occidental.
En revanche les dirigeants civils proches du président Bouteflika, qui sont moins chauds pour une confrontation armée à la frontière de leur pays, opteraient plutôt pour Abdelkader Taleb Omar, un natif de la ville marocaine de Tan Tan, et qui occupe depuis octobre 2003, le poste de « premier ministre ».
Taleb Omar a toujours été à l’écoute des orientations et instructions du palais El Mouradia et offrirait ainsi plus de garanties contre un changement de cap au sein de la direction du Polisario, au risque de compromettre les intérêts géostratégiques du régime algérien. Ce dernier veut éviter à tout prix un conflit armé mais en même temps, il fait tout pour faire perdurer ce litige afin d’affaiblir son voisin marocain et de pouvoir in fine, imposer son leadership dans la sous-région, un rêve qu’il caresse depuis l’époque de la guerre froide.