Quatre questions au géopolitologue rwandais Ismael Buchanan sur l’ouvrage « Rethinking the Sahara Dispute »
A l’occasion de la publication de l’ouvrage collectif en anglais intitulé « Rethinking the Sahara Dispute : History and Contemporary Perspectives », le géopolitologue et universitaire rwandais, Dr. Ismael Buchanan, évoque, dans un entretien à la MAP, sa contribution à la réalisation de cet ouvrage interdisciplinaire en s’arrêtant sur des aspects historiques et politiques du conflit régional autour du Sahara marocain. Le professeur des sciences politiques à l’Université du Rwanda (UR) et fin connaisseur du Maghreb livre son analyse de ce différend artificiel et de son impact sur la région maghrébine et aborde les messages véhiculés par ce travail collectif, réalisé à l’initiative de la Coalition pour l’Autonomie du Sahara (AUSACO) à l’occasion de la Fête du Trône. Ce consultant en relations internationales auprès d’organisations régionales et internationales revient également sur les vrais acteurs de ce conflit, avec un focus sur le rôle historique de l’Algérie et sa responsabilité manifeste dans l’enlisement du conflit du Sahara marocain. En tant que géopolitologue, universitaire et consultant, comment êtes-vous inspiré par l’idée de contribuer à la réalisation de cet ouvrage ? J’ai toujours été intéressé par les causes africaines et maghrébines en particulier, notamment la question du Sahara marocain, son impact sur la région et sa dimension humaine. J’ai contribué à la réalisation de cet ouvrage, qui propose une approche multidimensionnelle, à travers un chapitre intitulé « La genèse et les acteurs dans le conflit régional sur le Sahara : un aperçu historique ». L’accent est surtout mis sur le rôle de l’Algérie dans ce différend artificiel depuis sa création jusqu’à aujourd’hui. J’ai essayé de démontrer comment l’Algérie a toujours tenté d’empêcher systématiquement le parachèvement de l’intégrité territoriale du Maroc. Ce chapitre, divisé en trois parties, explique comment Alger arme, finance et entretient les séparatistes en mobilisant sa diplomatie et des ressources importantes afin de perpétuer ce conflit et saper toute solution réaliste, malgré la situation inhumaine et catastrophique des séquestrés sahraouis dans les camps de Tindouf, en Algérie. Ma contribution à ce travail repose sur l’histoire, les faits, les résolutions de l’ONU et une analyse politique honnête et objective. Il est important de comprendre comment l’Algérie utilise ce conflit pour nourrir des intérêts purement hégémoniques. Cela explique pourquoi cette question, considérée comme l’un des plus anciens conflits fabriqués, n’a que trop duré. Quels sont les messages que vous entendez faire passer à travers votre contribution à cet ouvrage? A travers ma modeste contribution, je cherche à attirer l’attention sur une réalité honteuse qui retarde le développement et l’intégration de l’ensemble de la région du Maghreb. J’appelle aussi l’Algérie à assumer, devant la communauté internationale, son rôle destructeur dans ce différend artificiel ainsi que sa responsabilité de la situation dramatique des populations séquestrées dans les camps de Tindouf sur le sol algérien. Les dernières résolutions du Conseil de sécurité et les deux tables rondes de Genève organisées par l’ONU dans le cadre du processus politique sous les auspices du Secrétaire général, ont confirmé le rôle de l’Algérie en tant que partie prenante à ce différend régional. Il est donc très important de bien identifier les vraies parties de ce conflit et de mettre en évidence les responsabilités de chaque acteur. L’Algérie, qui est malheureusement toujours coincée dans le passé, un passé qui remonte à la guerre froide, utilise ce différend artificiel à des fins expansionnistes pour se forger l’image du pays dominant de la région. L’ultime objectif des dirigeants de ce pays est visiblement de stopper, à tout prix, la montée du Maroc en tant que puissance africaine. Quels sont les destinataires de cet ouvrage selon vous? Je m’adresse à la communauté internationale, à l’ONU, à l’Algérie et à la conscience de chacun afin de dénoncer la politique d’hostilité obsessionnelle exercée par les autorités algériennes contre le Maroc, qui a toujours fait preuve d’un ferme engagement pour trouver une solution juste et durable à ce conflit monté de toutes pièces. La communauté internationale et l’ONU sont appelées à exercer plus de pression sur l’Algérie pour qu’elle assume aussi la responsabilité du règlement de conflit, à la mesure de sa responsabilité dans sa création et sa perpétuation. Les preuves qui révèlent l’implication d’Alger dans cette situation ne manquent pas. D’après votre expérience en relations internationales, quelle est la voie à suivre pour un règlement définitif à ce conflit régional autour de la marocanité du Sahara ? Le règlement du différend autour du Sahara marocain passe nécessairement par un dialogue franc entre les deux véritables parties qui sont le Maroc et l’Algérie. Il est temps pour Alger d’adopter le langage de la vérité et de tourner la page de la guerre froide. Les peuples du Maghreb aspirent aujourd’hui à une intégration économique régionale et à un développement durable pour garantir des conditions de vie meilleures aux jeunes générations. La diplomatie de la clarté et la vérité reste le meilleur outil pour rapprocher les points de vue entre les pays en conflits et parvenir au règlement des crises. Ce conflit régional autour du Sahara marocain, qui bloque l’Union du Maghreb, constitue un manque à gagner énorme pour chaque pays de la région du Maghreb.