La Coordination des familles des victimes de Gdeim Izik dénonce la déclaration de la rapporteuse spéciale au sujet du dénommé Naâma Asfari
La Coordination des familles et amis des victimes des événements de Gdeim Izik a dénoncé et désapprouvé la déclaration de la rapporteuse spéciale sur les défenseurs des droits de l’homme, Mary Lawlor, au sujet du dénommé Naâma Asfari, estimant qu’elle est contraire aux principes devant régir l’action des Nations-Unies. Dans une lettre adressée à la rapporteuse spéciale, le président de la Coordination Ahmad Atertour lui a signifié, au nom des autres membres, « notre condamnation et notre désapprobation de cette déclaration qui se situe en porte-à-faux avec les principes qui doivent encadrer votre action et faire de vous une défenseuse des droits humains et de leur valeur universaliste et non une partisane des criminels et des actes abjectes qu’ils ont commis .. vous devriez vous ranger du côté des vraies victimes et non pas instrumentaliser les valeurs des droits de l’Homme à dessein de justifier des exactions barbares ». M. Atertour a indiqué avoir suivi, en sa qualité de président de la Coordination, la déclaration faite le 1er juillet par la rapporteuse spéciale dans laquelle elle a appelé à « cesser de cibler les défenseurs des droits de l’Homme », disant avoir aperçu, au départ, « un appel de bonne augure car moi-même je défends les principes universels des droits de l’Homme, dont le droit à la vie ». Or, s’est-il lamenté, « revenant sur votre déclaration, j’étais très étonné de vous voir évoquer le dénommé Naâma Asfari et le présenter à l’opinion publique internationale comme étant un défenseur des droits de l’Homme au Sahara, un descriptif qui m’a poussé à s’interroger sur les motivations larvées de cette déclaration et sur la conformité de celle-ci avec les droits de l’Homme et les idéaux sous-tendant l’action des Nations Unies et de ses experts ». « Il sied de vous rappeler, d’abord, en ma qualité de président de la Coordination composée des victimes des événements de Gdeim Izik qui ont été lynchées, tuées et dont les corps ont été mutilés de façon exécrable, inhumaine et antipodale avec les Chartes internationales des droits de l’Homme, avec un bilan de 11 morts, victimes de la violence sanguinaire perpétrée par les criminels qui contrôlaient le camp de Gdeim Izik et qui s’en sont pris aux membres des forces publiques et de la protection civiles désarmés avec des armes blanches, ce qui a donné lieu à une véritable tuerie contre nos fils qui démantelaient le campement conformément à la loi, de manière pacifique et sans violence aucune ». « C’est ce même dénommé Naâma Asfari, à qui l’on a voulu attribuer le titre de militant droit-de-l’hommiste, qui commandait ces groupes armés qui se sont adonnés à des violences d’une gravité extrême et ont roulé avec des 4×4 sur les membres de forces de l’ordre qu’ils ont égorgés et dont ils ont mutilé les cadavres et pissé dessus, livrant des scènes non moins barbares que celles de Daesh en Syrie et en Irak », a ajouté M. Atertour. « Ces actes sont contraires aux traités internationaux et à la Charte des Nations Unies qui sacralise le droit à la vie, considéré comme l’un des principaux droits élémentaires consignés dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Ce droit à été foulé aux pieds par la bande guidée par Naâma Asfari ». « Naâma Asfari et ses complices ont été jugés devant le tribunal militaire en 2010 avant que la Cour de cassation n’annule ce verdict et ne le renvoie devant une juridiction civile spécialisée qui n’était autre que la Cour d’appel de Rabat, bénéficiant ainsi de l’amendement de la loi portant Code de la justice militaire, suite à quoi ils ont eu droit à un procès qui s’est déroulé en présence d’observateurs internationaux et nationaux, du Conseil national des droits de l’Homme et des représentants des autres institutions nationales concernées de même qu’il a été couvert médiatiquement par la presse nationale et internationale qui en a suivi les péripéties, pris connaissance des différentes preuves incriminant Asfari et ses coaccusés et regardé des vidéos qui montrent le vrai visage de cet individu ». « Ces vidéos donnent à voir des appels à la violence lancés par Naâma Asfari (..) et le tribunal a accédé à la demande de tous les prévenus pour les soumettre à une expertise médicale après avoir allégué être victimes de torture. La juridiction a aussi donné suite favorable aux demandes de témoignages exprimées par leur défense avant de les condamner au terme d’un procès équitable qui a respecté les différents standards internationaux édictés par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques ». « Nous nous attendions de votre part, avant de faire une telle déclaration, de vous référer à ma personne, en ma qualité de président de la Coordination, de m’écouter et de constater la souffrance continue des familles des victimes, une souffrance morale et physique .. Nous nous attendions à ce que vous écoutiez, de manière indépendante et impartiale, les victimes du dénommé Naâma Asfari et de ses acolytes afin de faire triompher la valeur de la vie ainsi que ce droit qui a été piétiné par ces individus et dont nos fils ont été les victimes », a poursuivi M. Atertour. « Nous déplorons votre déclaration qui a ravivé les souvenirs de l’injustice dont nous avons été victimes et rouvert les plaies inguérissables des agressions contre nos fils et dont le dénommé Naâma Asfari n’a affiché aucun regret de même qu’il n’a pas adressé de condoléances aux familles éplorées », ajoute le texte de la lettre. Cette déclaration « vous met à l’opposé du poste que vous occupez comme experte onusienne et en contradiction avec la Charte des Nations Unies et tous les Pactes internationaux des droits de l’Homme .. Avec vos propos, vous vous rangez, étrangement, du côté d’un criminel et d’un assassin qui a été condamné par la Justice après un procès équitable ». « En suivant votre déclaration désapprouvée par tous les experts onusiens et tous les milieux défenseurs des droits de l’Homme dans leur totalité et leur universalité, nous constatons avec étonnement le degré de similarité avec le discours du représentant permanent de l’Algérie au Conseil des droits de l’Homme, ce qui pose plusieurs interrogations sur la synchronicité de ces déclarations qui s’échinent à inverser les vérités et à présenter les victimes comme des malfaiteurs et, pis encore, présenter les assassins comme militants des droits de l’Homme, livrant, somme toute, une scène surréaliste inédite dans les annales des commissions onusiennes ». « Dans l’attente de votre réponse, nous saisissons cette occasion pour attirer votre attention qu’il fallait communiquer avec nous comme Association et nous sommes disposés à vous présenter toutes les clarifications », a conclu M. Atertour.