L’accueil du dénommé Brahim Ghali, une « conspiration » contre le Maroc – universitaire –
L’accueil prémédité par l’Espagne d’un accusé de crimes de guerre contre l’humanité, avec une fausse identité, n’est pas seulement considéré comme une manœuvre contre le Maroc, mais plutôt comme une « conspiration » soulevant de nombreuses questions sur les relations futures entre les deux pays, a indiqué El Hassan Abyaba, professeur universitaire et ancien ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports et porte-parole du gouvernement. Dans un article publié par le site d’information arabophone « Manabir Press », M. Abyaba a ajouté que le fait de ne pas avoir informé le Maroc de l’accueil du chef des milices séparatistes du « polisario », accusé de viol et de violations flagrantes des droits de l’homme, était une grave erreur en matière de coopération sécuritaire et politique. « La falsification des noms des dirigeants du front +polisario+ n’est pas nouvelle. Il s’agit d’une pratique systématique à laquelle contribuent les renseignements espagnols et algériens », a t-il souligné, précisant que cette falsification montre clairement qu’il existe une coordination secrète avec les services de renseignement algériens pour accorder des passeports espagnols à des éléments du +polisario+, ou pour accepter des passeports algériens avec de fausses identités. Cela en soi affecte la coopération en matière de sécurité entre le Maroc et l’Espagne, mais aussi la crédibilité de la confiance entre les deux pays, a ajouté l’auteur de l’article. « Nous pourrions même soupçonner l’Espagne d’un agenda secret en faveur de parties hostiles au Maroc, ce qui amènerait le Royaume à reconsidérer les relations bilatérales », a-t-il enchaîné. « Si le Maroc avait reçu M. Carles Puigdemont, ancien chef séparatiste de Catalogne, du fait qu’il soutient la position du Maroc sur la question de Sebta et Mellilia, avec une fausse identité (…), qu’aurait fait l’Espagne ? », s’est demandé l’auteur de l’article. Certains médias espagnols ont indiqué que le pays ibérique a commis des erreurs impardonnables à l’égard du Maroc, son allié stratégique, en autorisant l’ex-vice-président du gouvernement, Pablo Iglesias, de porter atteinte à l’intégrité territoriale du Maroc et en ignorant la reconnaissance de la marocanité du Sahara par les États-Unis, « dans un cafouillage évident de la diplomatie espagnole », a-t-il ajouté, considérant que l’Espagne traverse depuis un certain temps une crise politique la rendant faible dans la prise d’une décision claire vis-à-vis du Maroc dans l’avenir. La crise avec l’Espagne semble prendre de multiples dimensions au niveau du choix de l’équilibre géopolitique dans la région, a estimé l’universitaire marocain. En s’arrêtant sur l’histoire des relations maroco-espagnoles et sur les différends entre les deux pays, qui parfois se transforment en conflits, on découvre que « l’Espagne ne veut pas que le Maroc soit ni un pays émergent ni un pays fort, car elle sait pertinemment que la force du Maroc constitue un affaiblissement majeur du rôle de l’Espagne dans la région ». « Tout au long de la période de récupération par le Maroc de ses provinces du sud, l’Espagne a contrarié le Royaume et fait preuve de tergiversation dans ses positions, œuvrant en secret et en public pour contrarier les intérêts vitaux du Maroc. En effet, elle est le premier pays qui a accueilli le +polisario+ au nom de la liberté et du respect de la société civile, tout comme elle est le seul pays européen qui accorde la citoyenneté espagnole aux éléments de ce front séparatiste, aux côtés de l’Algérie, afin qu’ils puissent circuler dans le monde et colporter leurs idées et contre-verités sur le Maroc », a-t-il souligné. A travers les événements et les prises de position qui ont eu lieu ces dernières semaines, « il devient clair qu’il y a cafouillage au sein du gouvernement espagnol et une contradiction dans les positions des partis formant le gouvernement actuel et des partis d’opposition, puisque certains partis de gauche ont fait du différend maroco-espagnol un thème électoraliste et d’information », a-t-il écrit, notant qu’en raison de la faiblesse de l’actuel exécutif espagnol dans sa communication avec le Maroc et de son incapacité à prendre une position claire sur l’accueil du chef du « polisario », Madrid a sollicité l’aide de l’Union européenne pour défendre son comportement. Dans le même contexte, la ministre espagnole des Affaires étrangères Arancha Gonzalez Laya a déclaré que le contrôle aux frontières était et devait rester une responsabilité conjointe entre l’Espagne et le Maroc, oubliant que les intérêts communs et vitaux sont aussi une responsabilité partagée entre les deux pays, a ajouté l’ancien ministre, rappelant qu’en termes de géopolitique, la migration à travers les frontières est devenue le premier problème mondial des conflits entre les pays. A ses yeux, l’immigration est un phénomène mondial « lié à une situation internationale causée par les pays riches et imposé au monde ». Par conséquent, ce qui s’est passé à Sebta est une question normale qui ne devrait pas être un point de désaccord profond, et une erreur que l’Espagne a commise à l’égard d’un voisin d’importance stratégique dans la région », a estimé l’auteur de l’article. Il a mis l’accent sur l’instrumentalisation par les médias espagnols de la question de l’immigration pour menacer le Royaume et porter atteinte à ses constantes, estimant que le rôle de l’Espagne a considérablement régressé aux niveaux européen et régional, comme cela a été constaté lors de la crise de la Catalogne. L’Espagne est menacée de sécession, a noté l’auteur de l’article. Le différend autour des présides occupés de Sebta et Mellilia « n’a pas été résolu historiquement, et demeure en suspens. Le Maroc réclame depuis des décennies la récupération des deux villes, alors que l’Espagne, en tant que pays colonial, est sortie du continent africain, et ne lui reste que de quitter ces deux présides », a encore écrit le professeur universitaire. Les relations entre le Maroc et l’Espagne demeurent inévitables dans leur dimension géopolitique et sécuritaire et doivent être corrigées compte tenu des intérêts communs des deux pays, a toutefois estimé M. Abyaba.