Genève : les camps du polisario, une zone de non-droit
Disparitions forcées, persécution incessante des défenseurs des droits humains, représailles contre les opposants, détournement de fonds, enrôlement des enfants, interdiction de la liberté de déplacement… la liste des exactions perpétrées par les milices du polisario dans les camps de Tindouf est très longue.
Lors d’une conférence de presse tenue, mercredi soir au Club suisse de la Presse à Genève, des témoignages apportés par d’anciens cadres et prisonniers du polisario ont jeté une lumière crue sur les sévices et autres pratiques inhumaines et gravissimes perpétrées à l’encontre des populations sahraouies quadrillées en plein désert à Tindouf dans le but d’étouffer par tous les moyens la protestation et la colère populaire dans les camps.
Les intervenants lors de cette conférence, organisée par la Ligue du Sahara pour la Démocratie et les Droits de l’Homme, en marge du Premier Forum mondial sur les réfugiés, ont ainsi livré des récits dramatiques relatant le traitement inhumain, la violence, l’humiliation et la répression qu’endurent les séquestrés des camps de Tindouf, les opérations d’enlèvement, les actes de torture et les châtiments physiques et psychologiques perpétrés par les sbires du polisario dans ces camps.
Ils ont pointé du doigt la responsabilité de l’Algérie dans le maintien du statu quo dans cette zone de non droit et le refus des autorités algériennes de procéder au recensement des populations séquestrées à Tindouf sous l’œil vigilant de l’armée algérienne.
Prenant la parole, Ahmed Kher, l’une des victimes de la répression dans les geôles du polisario, a décrit le climat de répression et de terreur régnant dans les camps de Tindouf. M. Kher, qui a passé 14 ans de détention avant de regagner la mère patrie, s’est attardé particulièrement sur les méthodes de torture et les exactions auxquelles recourent les milices du polisario pour faire taire toute voix opposée à leur ligne séparatiste ou dénonçant leurs sévices.
Il a fait observer, par ailleurs, que les populations des camps de Tindouf, en l’absence d’un recensement permettant de déterminer leur nombre tel que souhaité par la communauté internationale, ne disposent pas de cartes définissant leur statut juridique exact.
« En réalité, ce sont des populations séquestrées et maintenues contre leur gré dans une prison à ciel ouvert sans aucun document juridique », a-t-il dit, appelant la communauté internationale à intervenir pour lever le black-out sur les violations en série des droits de l’homme dans cette zone « contrôlée de main de fer par une bande de tortionnaire et d’escrocs ».
De son côté, Adnan Braih s’est penché sur le cas de son frère, Khalil Ahmed Braih, ancien haut cadre du Polisario, qui était chargé des droits de l’homme avant d’être enlevé en janvier 2009 dans des conditions mystérieuses en Algérie, dans le sillage d’une enquête « qu’il devait mener sur la mort d’environ 160 personnes, y compris des femmes et des enfants, au cours des années 1980 et 1990 ».
Il a relevé que l’enlèvement de Khalil Braih soulève plusieurs interrogations sur les raisons de cette longue omerta imposée par la direction du polisario autour de ce dossier, notant que la famille du disparu mène une campagne d’information internationale en vue d’élucider les circonstances du kidnapping.
Pour sa part, le président de la Ligue du Sahara pour la Démocratie et les Droits de l’Homme, Hammada Labaihi, qui a vécu pendant 40 ans dans les camps de Tindouf, s’est attardé sur la cruauté qui règne au quotidien dans ces camps sur fond de privations, de répression, de misère et de détournement des aides humanitaires.
« Cette rencontre se propose de faire entendre les voix de nos frères et sœurs séquestrés dans les camps de Tindouf et de mettre à nu les pratiques dégradantes auxquelles se livrent les dirigeants séparatistes contre les sahraouis depuis des décennies », a-t-il poursuivi, exhortant la communauté internationale à intervenir pour mettre fin au calvaire de ces populations qui sont privées de leurs droits les plus élémentaires, notamment le droit de déplacement, d’expression et de travail dans le pays d’accueil en violation des chartes des Nations Unies et des procédures du Haut commissariat pour les réfugiées.
Et d’ajouter que le polisario qui commet tous ces crimes « ne peut prétendre représenter les sahraouis, défendre leurs intérêts ou parler en leur nom ».
D’autres intervenants parmi l’assistance ont soulevé l’enrôlement militaire des enfants dans les camps de Tindouf. Ils ont rappelé, de même, les différents rapports d’organisations internationales faisant état de détournement par le polisario des aides humanitaires et de violation des droits de l’homme.