Sahel: séparatistes et jihadistes, même combat

La conjonction entre revendications séparatistes et extrémisme islamiste a joué un rôle de catalyseur dans la crise actuelle au Mali, où le Nord du pays se trouve entièrement sous le contrôle de groupes armés liés à Al Qaïda. Un scénario qui risque de se répéter avec le Polisario, le front qui lutte contre le Maroc pour l’indépendance de la région du Sahara occidental avec le soutien de l’Algérie, selon l’universitaire et expert en géopolitique Aymeric Chauprade.
Dans cette analyse qu’il vient de présenter devant l’ONU à New York, l’universitaire insiste sur l’extrême danger pour la stabilité de la région de « la combinaison infernale du séparatisme et du fondamentalisme ». La situation actuelle au Mali a commencé par la montée en puissance du MNLA, le Mouvement touareg de libération de l’Azawad. Revendiquant l’indépendance de la partie septentrionale du Mali, les séparatistes touaregs ont d’abord commencé par prendre de la force alors qu’en même temps, les groupes islamistes, leurs alliés de circonstance, se faisaient plus discrets. Pourtant, aussitôt après la prise de  contrôle des places fortes du Nord Mali en mars dernier, les séparatistes touaregs ont été délogés sans délai par les groupes islamistes, leurs associés d’hier. Ces jihadistes se répartissent en groupes distincts par le nom : Aqmi (la branche d’Al Qaïda au Maghreb islamique), Ansar Dine (les défenseurs de la religion) ou Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest). Mais tous se réclament de la même idéologie et recourent aux mêmes méthodes terroristes d’Al Qaïda.

Ce jeu de rôles « séparatistes-jihadistes » au Mali ressemble à s’y méprendre au cas des séparatistes sahraouis du Polisario. L’un et l’autre mouvement ont été largement infiltrés par le  courant islamiste. Pire encore, les chefs des groupes jihadistes actifs dans le Sahel sont pratiquement tous des combattants de l’ex-GSPC algérien, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat, devenu par la suite Aqmi. Ce qui laisse supposer que  les groupes jihadistes ont tendance à se rassembler sous la même bannière et sous le même leadership dans toute la région.