Les Sahraouis entre l’absolutisme du Polisario et les tentations de rejoindre Aqmi

Les jeunes Sahraouis désœuvrés ne savent plus à quel saint se vouer. Les populations des camps de Tindouf vivent ces derniers temps, un véritable drame avec des effets dévastateurs pour la stabilité de toute la région d’Afrique du nord, lit-on sur les colonnes du quotidien italien « Il Foglio » dans son édition de samedi. Evoquant les conditions de « grave indigence » prévalant dans les camps de Tindouf dans le sud-ouest algérien et l’absence de toute perspective d’avenir aussi bien politique qu’économique chez la population des réfugiés sahraouis, le quotidien fait état d’un « mécontentement jamais atteint auparavant ». Ces camps, le journaliste Pio Pompa, un spécialiste des questions de défense, sont en train de vivre « la plus grave crise humanitaire de ces dernières années ». Citant, par ailleurs, Mahjoub Salek, ex-dirigeant du Polisario et fondateur du mouvement dissident « Khatt Achahid » (Ligne du martyr), le journaliste d’El Foglio soutient qu’il s’agit d’un groupe de trafiquants de drogue composé de Touaregs, de Sahraouis et de Maliens qui serait derrière l’enlèvement de l’Italienne Rossella Urru, en compagnie de deux autres ressortissants occidentaux, en octobre dernier dans le camp de Rabbouni, près de Tindouf.

Le journal met en garde la communauté internationale contre le danger terroriste croissant que fait peser cette situation sur toute la région du Maghreb et du Sahel. Dans son article intitulé « le front Polisario, nouveau centre de recrutement qaïdiste en Afrique », Pio Pompa évoque les tentatives du réseau d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) d’élargir son champs d’action. Tirant profit de la situation actuelle, écrit-il, Aqmi resserre ses propres filets en recrutant des centaines de jeunes sahraouis parmi « ceux-là mêmes qui ont tenté de s’opposer vainement à la dictature » de Mohamed Abdelaziz, chef du Polisario. Le journal invite la communauté internationale, les organismes internationaux et les ONG humanitaires à « évaluer ce qui se passe dans la vaste région du Sahara » pour cerner le rôle joué par le Polisario dans cette zone « transformée désormais en un carrefour affairiste, qui consiste en un florissant trafic de drogue et d’armes dans lequel la nébuleuse d’Aqmi s’est parfaitement insérée ». Se faisant l’écho d’un rapport, publié récemment par le think tank « Carnegie Endowment », le journaliste, dont l’article est repris par le site du ministère italien de la Défense, souligne que « les zones adjacentes de l’Algérie méridionale sont désormais hors de contrôle et sont en train de se transformer en un grand hub pour le trafic de drogue, de contrebande et pour la circulation des armes ». Cette vaste zone désertique, assure le journaliste, est une région délicate, où Aqmi est en train d’étendre sa propre influence.