La dissidence, bête noire des séparatistes du Polisario
Tout sauf la dissidence. La direction du front séparatiste du Polisario peut tout tolérer sauf la dissidence. Le Polisario met tout le paquet pour contrecarrer ce phénomène qu’il considère comme une bombe à retardement. Pour y face, les dirigeants du front recourent souvent à d’anciennes méthodes dissuasives, inspirées de celles du KGB, tel le chantage qu’ils exercent sur les familles à travers la déportation de leur progéniture et l’enrôlement forcé dans l’«armée», pour les obliger à ne pas fuir les camps de Tindouf. A l’heure où commençait dans la Banlieue New-yorkaise, un 7ème round des pourparlers informels sur le Sahara (du 5 au 7 juin), la nouvelle de la création en Espagne, d’une instance sahraouie dissidente est tombée comme un couperet sur la direction du mouvement séparatiste.
Le 4 juin, on apprend la création d’une « Coordination générale des opposants au front Polisario », dont les fondateurs, un groupe de cadres sahraouis résidants à l’étranger, expliquent leur décision par « l’incapacité du commandement du Polisario à gérer le dossier du Sahara ». Les dirigeants du Polisario, et à leur tête leur chef Mohamed Abdelaziz, précisent-ils, sont plus préoccupés par leurs propres intérêts et les profits qu’ils gagnent du détournement des aides humanitaires plutôt que par les souffrances, les privations et les besoins des populations séquestrées dans les camps de Tindouf.
Il s’agit aussi, ajoutent-ils, d’une réaction spontanée contre la mauvaise gestion au sein de la direction du Polisario qui a contribué à la dégradation des conditions de vie des Sahraouis dans les camps de Tindouf.
Pour la nouvelle Coordination, le Polisario n’est pas l’unique représentant des Sahraouis, faisant état dans un communiqué, de l' »attachement sérieux de l’opposition au processus contestataire au front Polisario et la révélation de ses pratiques visant à pérenniser la situation actuelle et à poursuivre l’exploitation des souffrances des Sahraouis ». La responsabilité de la situation lamentable et inhumaine que vivent les Sahraouis à Tindouf, est entièrement imputable à la direction du Polisario et au pouvoir algérien qui ferme les yeux sur ces violations répétées des droits humains.
Le choix de l’annonce de la création de la nouvelle instance dissidente du Polisario n’est pas anodin. Il intervient selon les membres de la coordination, après plusieurs rencontres et concertations avec toutes les franges sahraouies, tenues depuis le 27 mai 2011 en Espagne. Cette date, disent-ils, a été donc sciemment retenue puisqu’elle coïncide avec la tenue du 7ème round du cycle des pourparlers informels inauguré en août 2009 en Autriche. Les fondateurs de la coordination ont ainsi voulu attirer l’attention de l’Onu et de la communauté internationale sur les conditions de vie dégradables de milliers de Sahraouis séquestrés pendant plus de 36 ans en plein désert algérien, alors que le Maroc leur ouvre toutes les portes pour rejoindre la mère patrie et mettre fin à leur calvaire notamment à travers sa dernière proposition d’une large autonomie.
Dans son communiqué, la Coordination déclare son « entrée en dissidence » contre le mouvement du Front Polisario et son « engagement dans une opposition pacifique structurée », comprenant toutes les franges des populations sahraouies.