Sahara occidental : face à la tempête médiatique, la région a besoin d’apaisement

L’Institut Thomas More (ITM) vient de sortir une note sur les violences de Laayoune, qui jette un regard lucide sur les heurts du 8 novembre, mais aussi sur les mains étrangères qui se glissent dans ce vieux conflit, en concluant que « la région a besoin d’apaisement, pas de provocations » pour parvenir à une solution. Les heurts qui ont suivi l’action des forces de sécurité marocaines et les dérapages médiatiques, notamment en Espagne, rappellent toutes les difficultés d’en finir avec un conflit vieux de trente-cinq ans, à l’origine du blocage de l’Union du Maghreb Arabe, estime le rapport de ce think tank européen indépendant.
L’Institut Thomas More épingle tout particulièrement les médias espagnols. « La presse espagnole, rappelle l’ITM, a notamment repris une photo d’enfants palestiniens datant de 2006 pour illustrer les conséquences de l’action des forces de sécurité marocaines à Laâyoune ». « Que les médias d’un pays démocratique, de surcroît membre de l’Union européenne, deviennent la caisse de résonance d’une propagande digne de la Guerre froide pour agiter les passions populaires sur fond de guerre médiatique, cela est autrement plus grave », s’étonne le rapport de l’Institut.

La violence de ces réactions contraste pourtant avec la retenue à la fois du gouvernement espagnol et de l’ONU. Tout comme l’Espagne, le Conseil de sécurité a « déploré » les violences, mais les « quinze pays membres n’ont pas souhaité aller plus loin », relève l’ITM.
Du côté du Polisario, « la radicalisation dans le discours est nourrie par une perte d’influence », car nombre de Sahraouis quittent les camps de Tindouf pour rentrer au Sahara occidental. « Le Polisario semble également de plus en plus contesté dans sa prétention à représenter les Sahraouis ». En septembre dernier, c’est un cadre du Polisario, Mustapha Salma, qui « a fait défection et appelé à soutenir le plan d’autonomie proposé par le Maroc avant de rejoindre les camps de Tindouf pour y défendre le projet marocain, entraînant son arrestation une fois passée la frontière ».
Le « conflit du Sahara occidental, éminemment géopolitique, repose sur les tensions entre l’Algérie et le Maroc ». Pour l’ITM, « sans le soutien de l’Algérie, le Polisario aurait vraisemblablement déjà disparu. Comme le préconisait déjà dans son rapport de 2006 le secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan, le conflit ne sera jamais réglé sans qu’une solution globale associant l’Algérie soit trouvée », conclut l’Institut.