Sahara marocain : défit et levier.

Impossible de parler du Maroc aujourd’hui sans conserver présent à l’esprit, le grand tournant que représente pour lui l’année 1975, l’immense cohorte des volontaires de la Marche Verte franchi la frontière artificielle du Sahara marocain colonisé par l’Espagne. Ces moments de l’histoire, commémorés chaque année au Maroc, sont pour le Roi, constitutionnellement garant de l’intégrité territoriale, une occasion pour réaffirmer la marocanité du territoire, et la prédisposition du Royaume à trouver une issue au drame humain d’une partie des marocains sahraouis séquestrés dans le bagne de Tindouf en Algérie.
L’affaire du Sahara a constitué pour le Roi Mohammed VI, dès son accession au trône en 1999 : un défit et un levier.
Défit tout d’abord parce que le Maroc, légitimement installé dans son Sahara, lance à ceux qui veulent l’entendre « J’y suis, je reste », défit aussi parce que le Maroc est seul à répondre à l’appel adressé, dès la fin des années 1990, par la communauté internationale à toute les parties concernées pour qu’elles prennent des initiatives permettant de sortir de l’impasse, où c’étaient enlisées les différentes tentatives de règlement du conflit artificiel autour de la marocanité du Sahara, et de rechercher une solution politique de compromis.

Levier, parce qu’en attendant, le Maroc ne restera pas les bras croisés, pas plus qu’il n’acceptera que son évolution démocratique et son développement soit subordonnée aux calculs et aux manœuvres d’autrui. Dans cette perspective, l’option démocratique élevée au rang d’une véritable priorité stratégique devant se cristalliser dans le concret. L’objectif immédiat étant l’instauration des bases d’une décentralisation politique effective, conséquente, poussée aussi loin que possible. Il est, d’ailleurs, grand temps que le Maroc choisisse de se doter d’une assise régionale solide qui lui assure la capitalisation des efforts concrets au développement local, et avant tout, l’intégration des populations dans une société moderne et démocratique diversifiée et unifiée où priment les droits de la citoyenneté.
Le propre de la contemporanéité de l’Etat et de la nation, c’est qu’elle s’insère dans une dynamique qui met la démocratie au cœur de la société. Les lois de l’évolution sociale obéissent désormais à une vitesse dont la rapidité est de plus en plus puissante, sans commune mesure avec ce qui se produisait dans l’ère classique. Les réalisations et les progrès, qui exigeaient dans le passé des siècles pour se produire, peuvent dorénavant s’effectuer en quelques décennies à notre époque. La décentralisation est l’occasion pour un pays de se refonder et bâtir son développement à partir de la base.