Sahara : Séparatisme et séparation.

Le séparatisme est connu comme étant un mouvement ou une tendance d’un groupe d’individus dans un territoire qu’ils aspirent à séparer de l’Etat dont il fait partie. Les revendications séparatistes, quand elles ne sont pas basées sur des arguments d’ordre religieux, culturel, identitaire, historique ou ethnique, sont perçues comme l’œuvre d’une fraction de dissidents à la recherche d’une légitimité inexistante. Ces revendications deviennent, à défaut des raisons invoquées, une tentative de réappropriation exclusivement territoriale, faisant prévaloir une légitimation enfuie dans l’imaginaire.
Après trente années de manœuvres, le Polisario ; mouvement séparatiste, ne peut prouver autre chose qu’il est le produit d’une conspiration, sa pseudo prise de conscience a été indirectement impulsée par la colonisation avec la complicité de ses alliés de dernière heure. La décolonisation signifie pour eux que des Etats indépendants peuvent être créés au sein des frontières coloniales et tracées sans que les habitants aient eu leur mot à dire, parfois même sans qu’ils le sachent. Ces frontières ne peuvent donc avoir aucune signification nationale pour les populations.

Le territoire du Sahara ne saurait appartenir en exclusivité à une des confédérations tribales. Les droits des habitants doivent certes être défendus, mais pas jusqu’à tomber dans l’utopie des « Etats tribaux », conséquence qui serait bien paradoxale à l’heure ou cet exclusif est dénié à l’Etat nation lui-même. Le caractère séparatiste du Polisario est d’abord qu’il ne peut affirmer son indépendance à l’égard de ses souteneurs. Les prétendus nationalistes du mouvement ne sont pas libres de leurs actes, s’ils sont trop faibles pour se défendre tout seuls, on revient au point de départ pour reconnaître leur incapacité à s’organiser en Etat. C’est là une simple question de fait qui rend théorique toute discussion sur l’autodétermination, et pose la question si le sujet ne peut pas être traité par prétérition. Il s’agit donc d’une ambition tribale, somme toute normale dans un milieu désertique, en terme de nationalisme sahraoui, une imposture à laquelle l’éthique du voisinage implique de ne pas concourir.
Les séparatistes et l’Algérie, prétendent que la présence du Maroc au Sahara est entachée d’un vice originel, les populations n’ont pas été directement consultés, objection qui vise avant tout à tromper l’opinion et la conscience des courants politiques et la société civile dans les pays qui soutiennent le Maroc. Ce prétendu vice, s’il n’était pas de pure rhétorique, il serait effectivement gênant, mais il l’est si peu qu’au Sahara les citoyens sont représentés à tous les niveaux  du parlement au CORCAS jusqu’aux communes cellules de bases. Malgré cet édifice d’institutions représentatives, le Maroc n’a jamais fermé la porte à une discussion publique, sincère et franche avec ceux qui se targuent d’être les représentants et les protecteurs des populations sahraouies. S’il existait une communauté homogène consciente de sa spécificité dans les limites territoriales de l’ancienne colonie espagnole, elle se serait longtemps imposée, aussi bien aux occupants coloniaux qu’aux gouvernants des pays limitrophes. Ceci n’étant pas le cas, pourquoi veut-on que, pour faire plaisir aux dirigeants d’Alger, nous croyons à la génération spontanée et à la naissance d’un peuple nation en l’espace d’à peine deux ans avant la décolonisation du Sahara par le Maroc ? La naïveté serait-elle par hasard devenue un devoir révolutionnaire pour les progressistes ?
Le Maroc n’est pas le seul pays dans le monde à subir les aléas d’un mouvement séparatiste, partout en Europe, en Asie en Amérique latine et en Afrique des tendances séparatistes se soulèvent pour des raisons confessionnelles, ethniques et culturelles, ou pour réclamer le droit à un traitement égalitaire.
Au Sahara, la population est à l’instar du reste du Maroc, musulmane sunnite de rite malikite, la langue est l’arabe sans oublié le dialecte Hassania, la plus part des tribus sont originaires du nord du pays, arabes, amazighs ou d’origines chérifiennes. Une intégration réussie par des liens solides avec les populations du nord et par une politique de développement  humain, social et économique. Intégration si forte que sa rupture désorganisera toute la société du nord au sud.
Mais le problème du Sahara ne pose pas au Maroc uniquement une revendication séparatiste, l’aspect le plus douloureux du conflit est le drame de la séparation dont souffrent les populations du Sahara, déportées, poussées à l’exil, séquestrées et non fuyons l’avancée de l’armée marocaine dans la foulée de la Marche Verte comme le prétend l’envoyé spécial du journal « Le Monde » qui avance, on ne sait sur la base de quel recensement, le chiffre de 158 000 réfugiés. La déportation, dont les affreux souvenirs pour les démocraties occidentales sont souvent rappelés pour mémoire, de même pour le peuple algérien pendant l’horrible guère de décolonisation qu’il a subi, et même avant, lorsque des nationalistes algériens, pour avoir protesté en 1870 contre la loi raciste  Crémieux, ont été déportés en Nouvelle Calidonie, une époque à ne pas laisser dans l’oubli.
Les sahraouis séquestrés à Tindouf ne se sont pas trouvés par hasard là où ils se trouvent aujourd’hui, leur tragédie remonte à la période d’avant et pendant la Marche Verte pour la récupération du Sahara par le Maroc. Une atmosphère de peur s’est installée à l’époque au Sahara orchestrée par l’Algérie, la colonisation et le Polisario encore au stade embryonnaire, selon laquelle le Maroc envisage une opération de génocide pour laisser la voie libre à sa récupération du territoire. L’imbrication des intérêts des sans pitié pour les populations sahraouies entraînèrent des alliances contre nature visant à entraver le plan marocain et à pousser par la force les populations vers l’exil pour s’en servir par la suite comme otages.
La situation des réfugiés à Tindouf est donc la conséquence d’une démarche dilatoire de la colonisation avec la complicité de ses alliés, elle n’a donc pas abandonné le territoire sans laisser de séquelles. Le revers a été ressenti assez tard par une partie du groupe fondateur du Polisario, mais elle n’avait pas la liberté de reculer. Ceux parmi les dirigeants du mouvement qui avaient découvert plus tard la tromperie ont rejoint la mère patrie. El Ouali, le véritable fondateur du mouvement, dira la veille de sa mort : « Nous avons commis un crime contre notre peuple ». Le crime est malheureusement toujours là, celui de la séparation des familles déchirées dont une partie vit, au su et au vu de l’opinion internationale, cloîtrées dans des conditions impitoyablement dures dans les camps de la honte.
La séparation, même quand elle est permise légalement, est déconsidérée sur le plan de l’éthique, elle est la plus détestable des actes permis auprès de Dieu. L’appel à la fraternité et à la paix doit avoir une résonance particulière à l’oreille du voisin algérien, qui a l’obligation morale de s’investir dans la concorde, car elle rapporte gros. Malgré le blocus instauré à l’intérieur et tout autour des camps de Tindouf, le mouvement du retour n’a jamais été interrompu, le dernier, celui de plusieurs dizaines de familles rentrées chez eux au Sahara, est annonciateur d’un bon augure, car le retour à la mère patrie est le destin incontournable de tous les citoyens marocains sahraouis séquestrés dans les camps de Tindouf en Algérie.