Rabat: Débat sur les enjeux et défis de la promotion de la situation de la femme et de la famille
Les enjeux et les défis liés à la promotion de la situation de la femme et de la famille ont été au centre d’un débat qui a réuni vendredi à Rabat des représentants et responsables d’institutions nationales concernées. Les intervenants lors du 2e panel du 1er colloque national sur « la femme, la famille et le défi du développement », organisé à l’initiative du ministère de la Solidarité, de l’Insertion sociale et de la Famille, ont relevé que les questions de la femme, de la famille et du développement sont étroitement liées à la stabilité et à l’avenir des sociétés, plaidant pour la consolidation de la culture de l’égalité des genres, en luttant contre les stéréotypes sur le rôle des femmes, en renforçant leur participation à la vie publique et en œuvrant pour assurer une forte cohésion familiale fondée sur un système de valeurs communes pour un développement social inclusif et durable. Dans ce sens, la présidente du Conseil national des droits de l’homme, Amina Bouayach, a expliqué que « le développement est un concept qui ne saurait être réduit à la simple croissance économique ou à la jouissance matérielle, car il s’agit d’une acte humain constructif basé sur l’élargissement des options des individus en tant que bénéficiaires, cibles et acteurs dans tous les domaines y afférents », soulignant que le droit au développement repose sur un ensemble d’éléments essentiels, notamment la participation, la non-discrimination et l’égalité. Mme Bouayach a fait observer que le Maroc a réalisé de multiples acquis, notamment dans les domaines de la réforme constitutionnelle, législative et institutionnelle, qu’il a adoptée volontairement dans le cadre d’un choix démocratique et de sa foi dans les droits de l’homme, relevant, en revanche, d’importants écarts entre les deux sexes dans le développement, confirmés par des indicateurs de développement humain, qui doivent être pris en compte pour que les femmes deviennent un véritable acteur du processus de développement. Elle a également estimé que l’engagement du gouvernement en faveur d’un agenda clair, réalisable et étendu, doté d’un budget spécial, permettrait de surmonter la faible convergence des programmes et plans sectoriels, dans le but de faire de la famille un noyau de stabilité sociale, et de consacrer les femmes en tant qu’actrices agissantes sur les plans national, régional, et international de manière à parvenir à un développement qui profite à tous. De son côté, la représentante de la Présidence du ministère public, Amina Oufroukhi, qui a abordé le sujet du panel sous un angle juridique, a expliqué que la consécration de la protection pénale, sociale et civile des femmes et des filles est un point d’ancrage essentiel pour assurer l’autonomisation des femmes et leur participation au développement, comme elle constitue la concrétisation des dispositions de la constitution de 2011. Elle a souligné que l’adoption de la constitution actuelle a marqué un tournant important sur la voie de la promotion de la situation de la femme marocaine à travers la consécration de la primauté des conventions internationales ratifiées sur les lois nationales, en les considérant comme source de législation et en entérinant le principe de l’égalité du genre et la recherche de la parité comme option constitutionnelle pour le Royaume. Mme Oufroukhi a également souligné que la Présidence du ministère public a ratifié en 2020 la Déclaration de Marrakech pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles, notant que cette déclaration a donné lieu à plusieurs engagements, dont le protocole de prise en charge des femmes victimes de violence et le suivi de la mise en oeuvre de son contenu pour répondre efficacement à leurs besoins. Elle a mis en avant également les efforts de la Présidence du Ministère Public dans le cadre de la lutte contre le mariage des mineurs comme forme de violation des droits des femmes, et contre l’abandon scolaire. De son côté, Adil Bouyahia du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire a déclaré que « la participation active des femmes au développement sur un pied d’égalité avec les hommes est un choix clair pour le Maroc ». Il a également souligné que la Déclaration de Marrakech et le protocole territorial qui en découle sont considérés comme une feuille de route pratique pour coordonner les efforts des parties intervenant dans le processus de prise en charge, assurer la convergence de leurs actions, ainsi que pour améliorer les services fournis en vue d’une meilleure protection des femmes et des filles, notant que la ratification par le Royaume du Protocole facultatif à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes est un jalon important dans le processus de renforcement du système de protection et d’autonomisation des droits des femmes. Pour sa part, le Wali – coordinateur national de l’Initiative National pour le Développement Humain (INDH), Mohamed Derdouri, a relevé que la question de la femme dans son rapport avec le développement constitue un sujet fondamental de par son lien étroit avec la stabilité sociétale, relevant que l’action de l’INDH dans le domaine de l’économie sociale est pionnière. Et de souligner que les activités des milliers d’associations et de coopératives sont l’illustration de l’exploit consistant en l’insertion des femmes dans le monde de l’économie. En partenariat avec l’Entraide Nationale et le Ministère de la Solidarité, de l’Insertion Sociale et de la Famille, l’INDH a réalisé des milliers de centres aux missions diverses, chargés d’accueillir et d’accompagner les femmes et les filles en situation de vulnérabilité de différentes régions, a-t-il poursuivi, notant que l’Initiative s’emploie à changer les comportements liés à la santé des mères et des enfants dans le monde rural à travers un programme de santé communautaire qui sera mis en œuvre dans 47 mille douars en partenariat avec le Ministère de la Santé et de la Protection Sociale. Quant au représentant de la Commission Nationale de contrôle de la protection des Données à Caractère Personnel (CNDP), il a affirmé que dans le cadre de l’accompagnement des évolutions du monde numérique sans préjudice de la vie privée des femmes, des enfants et des adolescents, la Commission a entrepris une série d’initiatives, dont le lancement de la plateforme numérique (https://koun3labal.ma) le 9 décembre 2022. Il a plaidé pour la conjugaison des efforts de tous les acteurs, chacun dans le cadre de sa spécialisation, afin de promouvoir les droits des femmes et de protéger la vie privée et les données à caractère personnel. De son côté, la représentante du Conseil Economique, Social et Environnemental, Nadia Sebti, a expliqué que la pleine participation des femmes au processus de développement est une question qui occupe une place majeure pour le Conseil, mettant en avant la nécessité de leur contribution au circuit économique pour un exercice effectif des droits. Passant en revue les différents aspects du suivi du Conseil sur la question de l’égalité des sexes au moyen de rapports, de recommandations et d’éléments de progrès au Maroc, tels que la réforme du Code de la famille et la révision de nombreux textes législatifs, Mme Sebti a fait savoir, en guise de conclusion, que la pleine participation des femmes nécessite de surmonter toutes les barrières sociétales et psychologiques en vue d’atteindre la parité et l’égalité effective. Organisé à l’initiative du ministère de la Solidarité, de l’Insertion sociale et de la Famille, ce colloque national de deux jours vise à mettre en évidence les enjeux et les défis de la promotion de la situation de la femme et de la famille et de leur pleine participation à tous les domaines de développement et d’échanger sur les meilleurs moyens pour relever ces défis et préconiser des propositions sur les questions traitées.