FORAF : Trois questions à la présidente de l’Association des régions du Maroc

La ville de Saidia, dans la région de l’Oriental, accueille, 08 au 10 courant, la 1ère rencontre du Forum des régions d’Afrique (FORAF), dans le cadre de la mise en oeuvre des recommandations du Forum de l’organisation Cités et gouvernements locaux unis d’Afrique (CGLU Afrique), tenu en 2018 à Marrakech. Dans une interview à la MAP, la présidente de l’Association des régions du Maroc (ARM), Mbarka Bouaida aborde les significations de l’accueil par le Maroc de cet événement continental, les principales questions à l’ordre du jour et les moyens de surmonter les difficultés qui peuvent entraver le processus de mise en place de la décentralisation dans les pays africains.   1- Quelles sont les significations de l’organisation au Maroc de cet événement continental ? Le Maroc est aujourd’hui bien placé pour partager l’expérience qu’il a accumulée dans le domaine de la régionalisation avec les pays africains frères, et ce grâce à la vision stratégique de SM le Roi Mohammed VI en matière de coopération sud-sud et à la marche pionnière engagée par le Royaume depuis des années sur le chemin de la décentralisation et de la régionalisation élargie, en tant que mode avancé de gestion des affaires locales. La dynamique territoriale et spatiale en cours au Maroc commence à porter ses fruits, et c’est pour cette raison que l’organisation dans le Royaume de cette 1ère édition du FORAF est une source de fierté. Ce forum, organisé sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, revêt une importance capitale car il réunit pour la première fois des pays africains adoptant une politique basée sur la décentralisation, sachant qu’environ 25 pays africains disposent d’un système décentralisé avec un niveau intermédiaire de gestion territoriale, à savoir la région. Le forum connait la participation d’une vingtaine de pays africains, représentés par près de 85 présidents et présidentes de régions africaines, ce qui reflète le grand intérêt accordé par les pays du continent à la question de la décentralisation.   2- Quelles sont les principales questions soumises au débat dans le cadre de ce forum ? Le forum met la lumière, à travers des panels, sur les grands enjeux économiques et sociaux dans les pays africains, en particulier les défis environnementaux dans un contexte où le changement climatique est devenu une réalité palpable, en plus des défis liés aux ressources financières et humaines des conseils régionaux. Par ailleurs, cette rencontre sera couronnée par événement fondateur, à savoir la tenue de l’assemblée constitutive du FORAF avec l’élection du premier président ou présidente du forum, du bureau directeur et des différents organes de gouvernance de cette instance. Il s’agit aussi de présenter et d’adopter une feuille de route qui prend en considération les Objectifs du développement durable à l’horizon 2030 et l’Agenda 2063 de l’Union Africaine, qui soulignent tous l’importance du développement décentralisé pour réaliser le développement durable. Ce document sera axé sur la dimension territoriale, en fixant les grands objectifs ainsi qu’un certain nombre d’initiatives qui seront mises en place dans le cadre de l’échange des expériences, de la formation, de l’encadrement et du financement de projets communs entre les régions, afin d’harmoniser leur action à l’échelle continentale et unir leurs voix sur le plan international.   3- La mise en place du système décentralisé fait face à plusieurs difficultés, en particulier dans le contexte africain. Comment peut-on les surmonter ? Les pays africains sont conscients des difficultés existantes sur le chemin de l’instauration de la décentralisation, et du travail qui reste à faire pour les surmonter. D’ailleurs, certains pays pionniers en matière de décentralisation ont dû mettre des dizaines d’années pour lancer et mener à bien ce processus, qui reste, en fin de compte, un processus réussi. En outre, nous avons remarqué, à la lumière de l’expérience de la pandémie de Covid-19, que les solutions sont avant tout des solutions territoriales, spatiales et régionales, d’où l’importance primordiale de la dimension régionale, que ce soit sur le plan de la planification stratégique, de la mise en place des politiques publiques ou de l’adaptation de la réflexion à l’échelle centrale avec les pressions et contraintes au niveau territorial et local.