Exclusif : Une tentative d’enlèvement à Tindouf met le HCR sur le qui-vive
La méfiance est devenue la règle pour les fonctionnaires des agences des Nations Unies déployés dans les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf. Le degré d’alerte vient en effet d’être relevé à un niveau maximum depuis la date du dernier programme d’échange de visites familiales entre Laayoune et Tindouf du 8 au 15 avril, selon des informations exclusives auxquelles « Sahara News » a pu avoir accès . En effet, lors de cette période, un individu se faisant passer pour un agent des services secrets du Polisario a effectué une intrusion mystérieuse et inquiétante au sein du QG du Haut commissariat aux Réfugiés (HCR) installé au sein de la maison d’hôtes dans le camp intitulé « laâiun ». Les détails de cet incident ont été livrés par un membre influent de la mission des Nations Unies (MINURSO) à « Sahara News » dans une correspondance inédite de Tindouf. Ce responsable a ainsi affirmé que l’agent de la MINURSO chargé d’assister le personnel du HCR, alors qu’il assurait la permanence nocturne, a été surpris par la présence d’un inconnu qui s’est introduit subrepticement dans les locaux du HCR. Il aurait alors questionné l’intrus et lui aurait « poliment demandé son identité et il a répondu qu’il était des services secrets sahraouis.
« Je lui ai alors demandé ce que les services secrets sahraouis ont à voir avec le HCR ». Tout d’un coup, il hocha la tête et a rapidement quitté la maison d’hôtes. Après recoupement des dires de l’intrus auprès des gardiens de la maison des hôtes et avec les fonctionnaires de la mission onusienne, l’équipe a vite compris qu’il s’agissait certainement d’un éclaireur venu préparer le terrain pour un enlèvement imminent parmi les membres du HCR. Aussitôt avertie, la police du Polisario s’est mise sur les traces de l’intrus pour le rattraper. Une vaste chasse à l’homme a été engagée dans les camps pour retrouver les auteurs de cette tentative d’enlèvement avortée grâce à la vigilance du personnel du HCR, a confié notre source anonyme à « Sahara News ». Plusieurs personnes suspectes auraient été arrêtées et interrogées par les services de sécurité du Polisario, mais l’intrus courait toujours aux dernières nouvelles. Selon plusieurs sources concordantes, un pigiste de presse espagnol, qui séjournait dans les camps à ce moment et qui aurait été informé de l’incident, a été convaincu moyennant finances de ne pas ébruiter l’affaire, qui intervient au pire moment pour le front Polisario. En effet, alors que les condamnations internationales pleuvent sur la déclaration séparatiste de l’Azawad au nord du Mali, le Polisario peine à trouver de nouveaux soutiens dans son combat séparatiste contre le Maroc, et l’épisode malien semble avoir conforté les grandes puissances internationales et régionales que la balkanisation éventuelle du Sahara représente un risque extrêmement grave en termes sécuritaires. Ce n’est pas le premier incident dont est victime le personnel des agences spécialisées des Nations Unies déployé dans les camps de Tindouf. Déjà en 2010, une fonctionnaire du HCR, de surcroît de nationalité algérienne, Rahmouna Dahousse, avait été victime d’un viol collectif commis non loin de son lieu de résidence, par trois individus non identifiés. A l’époque les rapports entre le HCR et le Polisario s’étaient corsés en raison d’un malentendu au sujet du nombre des réfugiés qui pour l’organisation onusienne était de 90.000 alors que le second avançait le double de cet effectif. Au cours de la même année, trois humanitaires occidentaux avaient été enlevés dans le camp de Rabouni, les installations téléphoniques de la Minurso ont été saccagées, et du matériel informatique ainsi qu’une conséquente somme d’argent ont été volés des locaux du HCR près de Rabouni. Pour parer à toute éventualité, les agences de l’Onu ont renforcé leur dispositif sécuritaire et donné de strictes consignes à leur personnel pour faire preuve de prudence.