Comment l’aide humanitaire aux sahraouis est détournée avant d’arriver à Tindouf?
Plusieurs Organisations internationales affirment détenir des preuves irréfutables de l’implication d’officiels algériens et de dirigeants du Polisario dans le détournement des aides humanitaires destinées aux réfugiés des camps de Tindouf. Un membre de l’ONG américaine « Teach the Children International » basée en Oklahoma, précise que les aides de cette ONG « ne sont jamais arrivées. Des conteneurs entiers ont été détournés de leur destination ».
« Nous avons acquis la preuve de ces détournements et nous nous sommes vus dans l’obligation de suspendre puis d’arrêter définitivement ces aides, malheureusement nécessaires pour ces populations (des camps de Tindouf) qui n’ont que trop enduré, depuis 35 ans », a déploré Me. Leah Farish, avocate de profession spécialisée dans les libertés publiques.
« Nous ne sommes pas la première ONG à avoir dévoilé ces actes sordides, plusieurs rapports d’ONG indépendantes ont en fait, l’amère constat avant nous », a-t-elle fait savoir dans une récente déclaration à la presse à New York.
De son côté, le président du Centre Européen pour l’intelligence stratégique et la sécurité (ESISC), Claude Moniquet avait lui aussi affirmé dans une déclaration à la presse, que ces détournements sont «l’œuvre conjointe de la direction du Polisario et de certains milieux algériens proches du pouvoir ».
Dans un rapport confidentiel, rappelle-t-il, l’Office européen de lutte Anti-fraude (OLAF) « désigne le croissant rouge algérien comme étant le principal bénéficiaire de ces détournements, et ce dès le port d’Oran ». Mais derrière le croissant rouge, il y a les véritables donneurs d’ordres qui se trouvent parmi l’oligarchie militaire et les détenteurs du pouvoir en Algérie qui agissent à l’ombre en connivence avec des dirigeants du Polisario, pour se remplir les poches sans avoir à s’inquiéter. Ils s’arrangent toujours pour partager le magot après l’écoulement des aides au marché noir en Algérie et dans des pays riverains comme la Mauritanie.
L’OLAF et l’ESISC étant convaincus de «la responsabilité algérienne ne fait aucun doute du point de vue juridique», déplorent à ce niveau, l’existence chez le régime algérien, d’un « grave manquement à des obligations internationales ».
Dans son rapport, l’Olaf a même dévoilé la nature des mécanismes de détournements des aides humanitaires destinées aux réfugiés sahraouis, mais qui disparaissent en route comme par enchantement, entre le port de débarquement d’Oran ou d’Alger, et la destination finale qui est normalement le campement de Tindouf.
Plus grave encore, déplore le président de l’ESISC, l’Etat algérien, non seulement il ferme les yeux sur ces détournements, mais il se permet de prélever, selon des sources concordantes, des taxes douanières sur les aides humanitaires à leur passage dans les postes frontaliers.
Pour remédier à ces irrégularités, le président de l’ESISC a plaidé pour deux solutions à court terme : procéder à un recensement précis des populations sahraouies et mieux contrôler l’aide. Cependant, depuis la création du Polisario, l’Algérie et le Polisario refusent tout recensement des populations des camps de Tindouf. «Si le refus injustifiable de l’Algérie » d’autoriser un tel recensement «peut s’expliquer facilement eu égard à l’état de ses relations avec le Maroc et par son besoin de propagande politique sur la question des réfugiés présents sur son sol », explique l’ESISC, « le refus du Polisario est, quant à lui, motivé principalement par les profits illégaux que les dirigeants du front opèrent grâce à une surestimation du nombre de réfugiés et, par voie de conséquence, à une aide humanitaire plus importante ».
La communauté internationale est donc devant un dilemme : continuer de donner de l’aide en sachant qu’une grande part est détournée ou laisser les refugiés sahraouis à leur sort ?