Sahara Occidental: l’indépendance défendue par Alger est une « erreur », selon le fondateur de Jeune Afrique
La présence au Maroc de Christopher Ross, l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU au Sahara Occidental, dans le cadre de sa tournée dans la région pour préparer le terrain à la reprise des négociations sur le dossier du Sahara, intervient au moment où le directeur de l’hebdomadaire parisien Jeune Afrique, Béchir Ben Yahmed, un fin observateur de la région depuis un demi-siècle, sort avec un précieux témoignage sur la question.
Dans ce témoignage paru sous la forme d’une interview à l’occasion des 50 ans de Jeune Afrique, Béchir Ben Yahmed assure que l’option de l’indépendance du Sahara Occidental défendue par l’Algérie est une « erreur stratégique ». Les sahraouis, a-t-il expliqué « s’épanouiront mieux dans le cadre du Maroc que dans un tout petit pays privé de richesses, assisté et sous l’influence de l’Algérie ou de pays tiers ». Pour le fondateur de l’hebdomadaire, « la moitié des Sahraouis se sentent marocains. La plupart des gens qui ont créé le Polisario étaient des Marocains » de l’opposition à l’époque. Aujourd’hui, l’Afrique « n’a pas intérêt à avoir un micro-Etat de plus, elle a besoin d’intégration et non de partition ».
Pour bien faire le part des choses, le directeur de Jeune Afrique affirme qu’il a « eu plus d’affinités avec la politique algérienne » qu’avec le Maroc du roi Hassan II. Pourtant, Jeune Afrique qui écoulait le tiers de sa diffusion globale en Algérie, n’a pas soutenu Alger sur la question du Sahara, provoquant la colère des responsables algériens et l’interdiction de la publication. « Le président Boumediene a cru qu’il allait avoir la peau de Jeune Afrique et a fait ce qu’il a pu pour nous tuer », révèle Béchir Ben Yahmed.