L’accueil d’un criminel de guerre en Espagne : un impair diplomatique et un déni de justice
Dans le champ des relations internationales, les rapports entre les partenaires, et à plus forte raison entre des pays voisins qui aspirent à bâtir une coopération pérenne, sont soumis aux règles de transparence, de confiance et de respect mutuel. De telles ambitions ne peuvent se contenter de slogans creux, galvaudés et sans lendemain, mais doivent être pensées et exprimées en actes tangibles, qui répondent aux attentes des parties concernées, car l’absence ou le reniement de tous ces principes ouvrent la porte aux malentendus, aux incohérences, voire à des tensions. En acceptant d’accueillir, sous une fausse identité et avec un faux passeport algérien, le chef de la bande du polisario, un tortionnaire poursuivi pour crimes de génocide et de terrorisme, l’Espagne s’est mise elle-même dans l’embarras et dans une situation indigne en foulant aux pieds tous les principes de bon voisinage, tout en se rendant coupable d’un gravissime impair diplomatique vis-à-vis d’un partenaire clé dans la région, doublé d’un déni de justice au mépris de ses propres lois et des chartes internationales des droits de l’homme. En agissant ainsi, l’Espagne a créé un précédent grave qui ternit son image et impacte les relations avec le Maroc. Et il ne fallait surtout pas s’attendre, devant un tel geste déloyal et décevant, à ce que le Maroc n’exprime pas une réaction ferme. Dans un entretien accordé à l’agence de presse espagnole «Efe», le ministre des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, avait souligné que le Maroc attend «une réponse satisfaisante et convaincante» de la part du gouvernement espagnol au sujet de sa décision d’autoriser le dénommé Brahim Ghali à accéder à son territoire. « Pourquoi les autorités espagnoles ont-elles estimé que le Maroc ne devait pas être informé ? Pourquoi ont-elles préféré coordonner avec les adversaires du Maroc ? Est-il normal que nous l’ayons appris par la presse ?» avait insisté le ministre marocain, se demandant si l’Espagne «souhaite sacrifier sa relation bilatérale» à cause du cas du dénommé Brahim Ghali. Cette affaire «constitue un test de fiabilité de nos relations et de leur sincérité, et pour savoir si elles ne sont qu’un simple slogan», avait avertit le ministre, rappelant que le Maroc a toujours soutenu l’Espagne face au séparatisme des indépendantistes catalans. « Lorsque l’Espagne était confrontée au séparatisme, le Maroc a été très clair, et au plus haut niveau : rejeter tout contact et toute interaction avec eux et en informer nos partenaires. Lorsque (les Catalans) nous ont demandé de les recevoir au ministère, nous avons exigé qu’un membre de l’ambassade d’Espagne soit présent », a-t-il rappelé. « Avec des partenaires, on ne manœuvre pas derrière le dos sur une question fondamentale pour le Maroc », avait martelé M. Bourita, ajoutant qu’avant d’avancer d’un pas vers l’avant dans les relations bilatérales «il faut d’abord clarifier les choses ». Le dénommé Brahim Ghali, faut-il le rappeler, « est un violeur qui a toléré l’esclavage, la torture, les crimes de guerre, les enfants soldats et le génocide, et l’Espagne le sait avant tout le monde. « Veut-elle sacrifier sa relation avec le Maroc pour cette personne ?» s’est interrogé le ministre. Il y a lieu de rappeler que de nombreuses plaintes ont été déposées par les victimes du dénommé Brahim Ghali, notamment par l’Association sahraouie de défense des droits de l’Homme (ASADEDH) et l’Association canarienne des victimes du terrorisme (ACAVITE). Depuis que cette sordide affaire a éclaté au grand jour, plusieurs voix se sont élevées à travers le monde pour demander l’ouverture d’un procès contre le dénommé Brahim Ghali, le chef d’un groupe armé séparatiste et terroriste dont la raison d’être est de miner l’intégrité territoriale du Royaume, pour servir l’agenda hégémonique de l’Algérie. Plusieurs experts et observateurs réclament désormais que cet individu soit poursuivi par la justice espagnole pour des crimes contre l’humanité, y compris des crimes de génocide, de torture, de disparition forcée, de violences sexuelles et de viol, soulignant que la poursuite des personnes coupables de crimes contre l’humanité est une norme impérative du droit international, à laquelle aucune dérogation n’est autorisée. Certes, le Maroc et l’Espagne entretiennent, comme l’avait bien souligné M. Bourita, «un partenariat global : politique, économique, commercial, humain et sécuritaire», mais il ne faut pas penser qu’il s’agit, a souligné le ministre, d’«une relation à la carte : quand il s’agit de comploter avec l’Algérie et le polisario, le Maroc sort du radar de l’Espagne, mais quand on parle de migration ou de terrorisme, on redevient important».