Sahara Occidental : Le nouveau patron de l’ONU recadre le Polisario et l’Algérie

Dans son rapport annuel sur le Sahara Occidental qu’il a soumis ce lundi, à l’appréciation des 15 membres du Conseil de Sécurité, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres s’est montré plus pragmatique, équilibré, et sans parti-pris contrairement à son prédécesseur, le coréen Ban Ki-Moon.

Non seulement le chef de l’ONU a sommé le Polisario de retirer «immédiatement et inconditionnellement» ses éléments armés de la zone tampon mitoyenne du poste frontière marocain de Guerguerat, mais il a exigé de l’Algérie et de la Mauritanie de contribuer un peu plus au processus de règlement du conflit du Sahara.

«Pour que des progrès soient faits», Guterres a insisté dans son rapport sur le fait que «l’Algérie et la Mauritanie, en tant que pays voisins, peuvent et devraient effectuer des contributions importantes à ce processus ».

Dans la crise de Guerguerat qui occupe une bonne partie de son rapport annuel, le nouveau patron de l’ONU, tout en saluant le retrait unilatéral du Maroc de la zone tampon, se dit déçu par le refus du Polisario de se retirer de cette zone et recommande au Conseil de sécurité de presser «le Front Polisario à se retirer de manière complète et inconditionnelle».

En reprenant l’idée d’une solution politique mutuellement acceptable et la nécessité de compromis, Guterres se réfère exclusivement à l’après-2006 et au concept de réalisme introduit en 2008 par l’ex-médiateur de l’ONU, le néerlandais Peter Van Walsum qui avait conclu devant le Conseil de sécurité que «l’indépendance du Sahara Occidental n’était pas une option réaliste».

“Au fil des ans, le Conseil a fourni l’orientation que les négociations doivent avoir lieu sans conditions préalables, de bonne foi, compte tenu des efforts déployés depuis 2006 et des développements ultérieurs“, rappelle Guterres, faisant indirectement allusion au Plan d’autonomie marocain proposé en 2007.

A l’avantage du Maroc, le rapport de Guterres a banni toutes les phraséologies chères au régime algérien et au Polisario tels que les “territoires non-autonomes“, “référendum“, «le pillage des ressources naturelles» et n’a fait aucune référence à l’interférence de l’Union africaine et de la justice européenne dans le dossier du Sahara, donnant ainsi la prééminence à l’ONU et son exclusivité dans le traitement de ce litige territorial.

Le mandat du portugais Antonio Guterres à la tête de l’Organisation des Nations Unies s’annonce donc sous  de bons augures pour le Maroc et fait table rase de l’ère du tandem Ban Ki-Moon/Christopher Ross ouvertement hostiles aux intérêts du Royaume.