Une nouvelle page s’ouvre entre le Maroc et la Libye de l’après-Kadhafi

Le Maroc qui a longtemps souffert pour le parachèvement de son intégrité, des dérives et gesticulations du trublion colonel Mouammar Kadhafi et de son alliance inconditionnelle avec le régime algérien et leurs protégés du mouvement séparatiste « le front Polisario », aspire aujourd’hui à ouvrir une nouvelle page avec les futurs dirigeants de la Libye d’après-Kadhafi. Les déclarations d’intention dans ce sens, commencent déjà à paraître sur la scène maghrébine après l’effondrement de l’ancien régime de Tripoli. Le Maroc a ouvert le bal en confirmant le 22 août dernier, sa reconnaissance officielle du Conseil National de Transition libyen (CNT) en tant que représentant « unique » et « légitime » du peuple libyen. Le roi Mohammed VI a même décidé de matérialiser cette reconnaissance pour lui donner plus de poids sur l’échiquier diplomatique, en dépêchant une délégation officielle de haut rang à Benghazi. Dans des déclarations recueillies au téléphone par la télévision régionale de Lâayoune, le porte-parole du CNT libyen à Londres, Jomoa Al-Gamaty, a affirmé que « l’avenir du Sahara ne peut être que sous souveraineté du Royaume du Maroc ».

L’édification du grand Maghreb arabe, a-t-il souligné, devrait exclure toute idée de morcellement ou de division. Saluant par ailleurs, la position « exemplaire et de sympathie » adoptée par le Maroc vis-à-vis de la révolution libyenne, le diplomate libyen a critiqué la position de l’Algérie et le soutien à peine voilé, de ses dirigeants au régime de Mouammar Kadhafi. Il a de même, déploré l’accueil sur le sol algérien de membres de la famille de Kadhafi, qualifiant d' »inadmissibles » les justifications « humanitaires » avancées par les dirigeants d’Alger. De son côté, le représentant du CNT à New York, Ibrahim Debbachi, qui était N° 2 de la délégation libyenne à l’ONU avant sa défection en mars dernier, a exprimé la volonté de son pays d’édifier des relations solides avec le Maroc. La reconnaissance par le Maroc du CNT, en tant qu’unique représentant du peuple libyen et la récente visite d’officiels marocains à la ville de Benghazi, a confié Debbachi à la Tv régionale de Laâyoune, constituent « un bon indicateur que les relations bilatérales évolueront dans l’intérêt des deux pays ». La Libye, a-t-il assuré, est déterminée à bâtir des relations solides avec l’ensemble des pays arabes frères. Il a par contre, regretté le comportement des autorités algériennes à l’égard des officiers qui avaient fait défection et rejoint les terres algériennes avant d’être livrés aux partisans de Kadhafi. Du côté marocain, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Taib Fassi Fihri, qui participait jeudi à la Conférence internationale de soutien à la Libye nouvelle tenue à Paris, a assuré que le Maroc ne ménagera aucun effort pour aider ce pays à retrouver sa place dans le concert des nations. « Nous soutiendrons le peuple libyen frère sur le plan multilatéral, en particulier au sein des Nations-Unies, afin, a-t-il dit, que la Libye retrouve sa place dans le concert des nations, à travers ses représentants légitimes, le Conseil national de transition ». Avec l’effritement de l’ancien régime libyen du colonel Kadhafi, les observateurs n’excluent pas un nouveau rebond positif dans l’édifice maghrébin.