Sahara :L’autonomie, une solution tributaire des garanties démocratiques locales.

Le compte à rebours sur les élections locales professionnelles et le tiers de la chambre des conseillers, aboutissement de tout un processus, a été déclenché selon un calendrier qui débutera le 12 Juin et s’achèvera le 02 Octobre 2009. Ces consultations seront placées dans une perspective démocratique élevée au rang d’une véritable priorité stratégique. L’objectif devant se fixer sur l’instauration des bases d’une décentralisation effective poussée aussi loin que possible.
Les constitutions adoptées depuis l’indépendance au Maroc, (1962-1970-1972-1992), contiennent des dispositions relatives à la gestion de la démocratie locale. Avec l’achèvement de l’intégrité territoriale, et la récupération du Sahara par le Royaume en 1975, la région a été automatiquement intégrée dans le cadre constitutionnel de la décentralisation promulguée en 1976, et modifiée en fonction des évolutions, et qui peut s’adapter aussi bien à une situation de centralisation poussée qu’à un régime législatif plus décentralisateur. Si l’intégration des régions sahariennes au Maroc s’est effectuée sans difficultés malgré la fracture coloniale et le mouvement séparatiste, cela est dû à l’allégeance au Roi du Maroc mais aussi à la force du lien social entre les éléments d’un ensemble, l’intensité et la densité des relations sociales réciproques que les marocains sahraouis du sud entretiennent entre eux et les autres marocains du nord.

Une intégration signifie que le lien social noué entre les composantes d’un peuple est si fort que sa rupture désorganisera l’ensemble de la société. C’est ce lien qui a permis aux marocains sahraouis d’adhérer d’une manière volontariste et progressiste à la démocratie locale. La sélection des élites locales a d’abord était fondée sur leurs statuts de notables et leurs capacités à mobiliser les membres de leur tribu. Ces élites jouaient le rôle de relais auprès des membres de la tribu à laquelle ils appartiennent. Ils bénéficiaient en contrepartie d’avantages accordés par l’administration. Or, cette forme a quand même produit des élites locales qui s’activent au sein des différentes formations politiques et qui ont prouvé leurs capacités et leurs aptitudes à gérer les affaires locales, et même nationales. Mais la politique basée sur la sélection des notables a révélé ses limites. Le développement économique et social et l’urbanisation qu’ont connus les provinces sahariennes sont considérables, et les notables ne peuvent plus assumer les rôles qu’ils ont joués jadis. Leurs capacités de mobilisation deviennent de plus en plus réduites, et ne correspondent plus aux nouvelles réalités sociales.
Il incombe donc aux partis politiques à l’occasion des proches élections de savoir faire face à la persistance du clientélisme soutenir et encourager les élites crédibles, en particulier parmi la  jeunesse frustrée, et qui seraient capables de prédire la demande sociale et les événements. La grande finalité de la démocratie locale est de réaliser la liberté. C’est au niveau local que la responsabilité et la liberté peuvent être pleinement vécues par les citoyens et leurs représentants, et seule la tutelle de la légalité est logique avec la démocratie locale. Parallèlement aux obligations des partis politiques, l’Etat doit assumer ses responsabilités par un contrôle rigoureux des services déconcentrés, garantir les libertés publiques et une justice équitable. La tâche est certes difficile en raison du lourd passif.
Les prochaines consultations électorales seront déterminantes, et tout soubresaut ou aventurisme serait fatal pour l’unité du pays, car si l’option d’autonomie, qui est aujourd’hui dans une phase décisive, bénéfice d’un soutien international presque unanime, et suscite un vif intérêt au conseil de sécurité en tant que pratique institutionnelle avancée, le conflit du Sahara n’est pas encore définitivement réglé. Quand il le sera, un long délai sera encore nécessaire pour en résorber les séquelles. Les futurs organes de la région du Sahara dans le cadre de l’autonomie seront constitutionnalisés sur la base de quatre principes : l’unité, la liberté, l’égalité et la solidarité, c'est-à-dire sans exclusion aucune.
L’intérêt accordé par la communauté internationale au projet d’autonomie pour le Sahara suggéré par le Maroc a sa raison d’être dans l’échec du droit à l’autodétermination-indépendance à régler une question qui relève normalement du contentieux territorial traditionnel. Ce projet permettrait l’adhésion de l’ensemble des sahraouis si les conditions de la bonne gouvernance des intérêts des populations locales par une pratique démocratique transparente sont attractives. Alors les meneurs du séparatisme finiront, tôt ou tard, par admettre leur défaite et leurs désirs imaginatifs s’évaporeront, car si l’ordre est le désir de la raison, le désordre n’est que le désir de l’imagination. Les souteneurs des séparatistes, quant à eux en mal de légitimité chez eux, seront obligés par l’affront du temps à reconsidérer leur entêtement. Quand aux sahraouis séquestrés, lorsqu’ils auront comparé entre l’exil dans l’enfer de Tindouf et la paisible vie chez eux dans une société prospère et démocratique, ils s’intégreront dans le paysage social et politique de leur pays même si au début à l’image de n’importe quelle force politique radicale.
Les prochaines élections, si elles seront sainement tenues, accorderont beaucoup plus de crédit politique au Maroc par l’émergence d’élites locales citoyennes capables de défendre les valeurs nationales de l’autonomie, qui, sans s’écarter de la stratégie souverainiste du Maroc répond à un réalisme politique et respectueux de la légalité internationale. Solution prometteuse sur le plan national, heureuse issue de l’affaire du Sahara et bénéfique pour l’ensemble de la région.