Sahara : la querelle des anciens et des modernes

La bataille feutrée que se livrent le Maroc et l’Algérie sur le dossier du Sahara, au-delà des analyses reprises par   les relais médiatiques de deux pays, constitue en fait une véritable querelle philosophique, aux fondements diamétralement opposés. En effet, Le Maroc, depuis plusieurs années, a compris que son décollage économique dépendrait fortement de sa capacité à réformer, à s’ouvrir, et à engager un réel dialogue interculturel. Le témoignage le plus éclatant de la réussite du Maroc dans ce domaine est la très forte popularité dont jouissent les différents festivals du Royaume, avec à leur tête, et ce n’est pas anodin, le festival de Fès des musiques Sacrées, et le Festival d’Essaouira des musiques du monde.Sur le terrain du sacré tout d’abord, notons que le Maroc est décomplexé, il accueille les ambassadeurs de cultes chrétiens, aussi bien que juifs, et met en lumière les arts ancestraux musulmans. Il propose également, au sein de ce festival, une plateforme de dialogue, ayant pour thème « Une âme pour la mondialisation ». S’y retrouvent intellectuels, penseurs, écrivains, journalistes, mais également capitaines d’industries, qui ont besoin, de comprendre et d’échanger, sur les thèmes cruciaux de l’identité et de la spiritualité.

Car la question cruciale, au cœur de la problématique, est : Quel modèle Maghrébin de tolérance, de développement, et de dynamisme allons nous choisir pour relever le défi de la mondialisation ?La question semble tranchée, car le Maroc, qui s’est engagé résolument dans la voie des réformes, veut vivre la globalisation sereinement, en mettant en ordre de marche les multiples atouts dont il dispose.A l’inverse, l’Algérie semble faire le pari de la puissance financière et de l’argent.
Cette stratégie, dictée par la richesse du sous-sol, est fragile à moyen terme, car l’Algérie n’est pas à l’abri d’une formidable avancée dans le domaine des énergies renouvelables, ce qui rendrait, de facto, son analyse de la situation du monde caduque.En effet, en s’appuyant quasi exclusivement sur les rentrées générées par l’exploitation de son sous-sol, l’Algérie fait le pari d’une économie mondiale encore fortement dépendante du pétrole et du gaz.Pourtant, c’est précisément à ce moment précis de son histoire que l’Algérie a besoin de la construction maghrébine, qui pourrait lui faire profiter de la technicité marocaine, de son savoir faire, dans des domaines allant des nouvelles technologies à l’agriculture.Les synergies entre le Maroc et l’Algérie sont innombrables, ce qui rend d’autant plus incompréhensible le braquage sur la question du Sahara. Car en définitive, de quoi s’agit il ? D’une percée chimérique vers l’Atlantique pour l’Algérie ? D’une position dictée par l’illusion de la puissance offerte par l’or noir ? D’un manque de sens historique ?

Probablement une combinaison de tout cela… l’on sait comment s’est terminée la querelle des anciens et des modernes…L’histoire jugera.