Le lien entre le travail décent et le développement durable mise en avant lors d’un forum parlementaire à Rabat

Les participants à la 8ème édition du Forum parlementaire international sur la justice sociale ont souligné, lundi à Rabat, la nécessité d’assurer la complémentarité et la corrélation entre le travail décent et le développement durable, l’une des priorités stratégiques inscrites dans la législation nationale et traduites dans les politiques publiques dans le but de la promotion de l’emploi et de la cohésion sociale. Dans des interventions lors du premier panel tenu dans le cadre de ce Forum sur le thème : “Travail décent et développement durable : complémentarités et interdépendances du point de vue des normes internationales”, les participants ont fait savoir que le marché du travail a connu récemment des transformations majeures qui nécessitent des réformes radicales dans les domaines social et législatif afin de promouvoir les conditions d’un travail décent, appelant à un accroissement des opportunités d’emplois générateurs de revenus qui offrent aux travailleurs stabilité, sécurité et égalité des chances. A cette occasion, le ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, Younes Skouri, a affirmé dans une allocution lue en son nom par la secrétaire générale du ministère Mme Wafaa Asri, que pour relever l’enjeu du développement il est impératif de consacrer le travail décent dans ses diverses manifestations et objectifs au sein des politiques publiques et du cadre juridique, tout en œuvrant à son harmonisation avec les normes internationales en la matière, conformément aux objectifs du développement durable que le Maroc s’est engagé à atteindre. Le travail décent se situe à l’intersection des quatre objectifs stratégiques de l’Organisation internationale du Travail (OIT), à savoir la promotion des principes et droits fondamentaux au travail, la création d’opportunités pour les hommes et les femmes d’obtenir des emplois et des salaires décents, l’élargissement de la protection sociale et le renforcement son efficacité ainsi que la consolidation du dialogue social, a-t-il dit. Le ministre a également relevé qu’une série de mesures ont été prises avec pour objectif de consacrer la notion de travail décent, que ce soit au niveau législatif ou de la promotion d’une culture de dialogue social, de l’universalisation de la protection sociale, de la lutte contre le phénomène du travail des enfants, de la promotion de l’égalité au travail, notant dans ce sens que la réforme des systèmes de retraite, de la loi sur les grèves et du droit du travail restent des défis structurels en instance nécessitant un consensus entre le gouvernement, les acteurs sociaux et les entreprises. Pour sa part, le secrétaire général du Haut-Commissariat au Plan, Ayach Khalaf, a souligné la nécessité d’accélérer la mise en œuvre des orientations et recommandations du nouveau modèle de développement et des réformes structurelles en cours afin de parvenir à une croissance économique soutenue, durable et intégrée qui favorise la création des opportunités d’emploi décent. Il a, dans ce sens, appelé à une plus grande implication de toutes les parties prenantes y compris le secteur privé et la société civile, dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable aux niveaux national et territorial, et à leur intégration dans divers mécanismes de planification et de budgétisation, ainsi qu’à l’évaluation des politiques publiques à tous les niveaux territoriaux. De son côté, la représentante de l’OIT, Orélia Sékati, qui a rappelé que le travail décent fait parti des objectifs de l’organisation, a mis l’accent sur la nécessité d’adopter une action collective pour garantir les conditions d’un travail décent à même d’aboutir à la réalisation d’un développement et intégré. Elle a par ailleurs passé en revue les différents obstacles qui entravent la réalisation de ces objectifs notamment le niveau de qualification des jeunes, le secteur informel et la précarité des emplois. La Cheffe du Bureau du Conseil de l’Europe au Maroc, Mme Carmen Morte-Gomez, a quant à elle, a souligné la nécessité pour les Etats de soutenir la protection sociale et l’amélioration des conditions de travail à même de garantir un niveau de vie décent pour tous les citoyens, dans un contexte mondial marqué par la succession des crises à l’instar des crises sanitaire et énergétique, rappelant dans ce sens le rapport 2014 de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe qui souligne l’importance d’une plus grande solidarité entre Etats riches et Etats pauvres, particulièrement pour la promotion du travail décent. Elle a indiqué que l’Assemblée parlementaire préconise aux Etats membres de veiller à ce que des clauses sociales et environnementales contraignantes accompagnées de mécanismes de contrôle soient systématiquement inscrites dans les accords de libre-échange et d’investissements bilatéraux et multilatéraux. Placée sous le Haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, la 8ème édition du Forum parlementaire international sur la justice sociale, ce Forum est une occasion de mettre en lumière les initiatives de développement entreprises par le Royaume dans les domaines des énergies renouvelables, de l’économie verte et de l’économie circulaire, de la lutte contre le gaspillage et la surexploitation des ressources naturelles, particulièrement les ressources hydriques. Organisé par la Chambre des Conseillers en partenariat avec le Conseil économique, social et environnemental, ce conclave est marqué par la participation de membres du gouvernement et du parlement, de responsables de plusieurs instances, institutions constitutionnelles et agences nationales concernées, de représentants de l’Organisation internationale du travail, du bureau du Conseil de l’Europe au Maroc, de l’Organisation de coopération et de développement économiques et du Programme des Nations Unies pour le Développement au Maroc, ainsi que des représentants des conseils régionaux, des experts et universitaires. Les travaux de cette édition sont axés sur deux thématiques principales, à savoir “le travail décent et le développement durable” et “le travail décent et les défis de mise à niveau et d’intégration économiques”.