Programme d’eau potable et d’irrigation 2020-2027: les crédits alloués aux investissements portés à 150 MMDH – Akhannouch –
Le chef du gouvernement Aziz Akhannouch a annoncé, lundi, la consolidation des investissements dans le cadre du programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation pour la période 2020-2027, à travers l’augmentation des crédits alloués audit programme pour passer de 115 à 150 milliards de dirhams. Répondant à une question centrale à la Chambre des représentants dans le cadre de la séance mensuelle consacrée à la politique générale sous le thème « la politique hydrique au Maroc », M. Akhannouch a expliqué que cette mesure vise à rattraper le retard enregistré en matière d’exécution de certains projets, tout en avançant certains d’entre-eux dont la deuxième tranche de la station de dessalement d’Agadir, programmée à l’horizon 2025 au lieu de 2030. Il a aussi fait savoir que les études relatives à d’autres projets prévus seront lancées, précisant qu’il s’agit des stations de dessalement de Casablanca, Nador, Safi, Dakhla, El Jadida, Marrakech, Essaouira, Guelmim, Tan Tan et Tiznit, et la révision de la programmation relative aux barrages, en prévoyant de nouveaux barrages. M. Akhannouch a assuré que le gouvernement se penchera sur l’actualisation et l’accélération de la mise en œuvre du programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation pour la période 2020-2027, signé en janvier 2020 devant SM le Roi Mohammed VI, notant que les recommandations adoptées par le comité de pilotage du programme réuni récemment seront soumises à la Haute approbation du Souverain. Le gouvernement se penche aussi sur le développement de l’offre hydrique nationale à travers le renforcement de la politique des barrages, a-t-il dit, faisant savoir que les travaux se poursuivent pour la réalisation de 20 grands barrages avec une enveloppe de 31 milliards dirhams et avec une capacité de stockage de 6,4 milliards m3 dont trois sont en cours d’achèvement à Tiddas (Khénifra), Todra (Tinghir) et Agadez (Zagora). Les travaux sont en cours de lancement à Tagzirt (Beni Mellal), Tamri (Agadir Ida-Outanane), Oued Lakhdar (Azilal), a-t-il poursuivi, ajoutant que les appels d’offre ont été lancés pour la réalisation de deux grands barrages à Larache et Sefrou pour une enveloppe de 2 milliards de dirhams. Pour ce qui des petits barrages, M. Akhannouch a affirmé que les travaux ont été achevés pour deux ouvrages à Tiznit et Taourirt, alors que les travaux se poursuivent pour la réalisation de 7 petits barrages à Figuig, Nador, Tata, Errachidia, Benslimane, Chefchaouen et Nador. Il a aussi indiqué qu’une convention-cadre de partenariat a été signée pour la réalisation de 129 barrages collinaires et petits barrages entre 2020 et 2022-2024 avec la programmation d’une enveloppe budgétaire de plus de 100 millions de dirhams annuellement pour l’exploration des eaux souterraines. Conformément aux hautes orientations royales, le gouvernement a entamé des réunions avec les entreprises chargées de construire les barrages programmés à travers le ministère de l’Équipement et de l’Eau afin de diminuer le délai imparti d’environ la moitié, a indiqué le chef du gouvernement, annonçant l’achèvement des projets de récupération de l’eau de pluie dans les provinces de Taroudant, Tiznit, Zagora et Chefchaouen. M. Akhannouch a également annoncé le début de la mise en œuvre de projets pour la récupération de l’eau de pluie dans les provinces de Sidi Ifni, Smara, Chichaoua et Khouribga, s’ajoutant ainsi à une dizaine de projets déjà existant. D’un autre côté et dans un contexte critique, le chef du gouvernement a attiré l’attention sur la nécessité d’avoir recours à des alternatives et des solutions durables pour garantir la sécurité hydrique au Maroc, à travers la mobilisation de ressources en eau non conventionnelles, surtout que le pays dispose de moyens importants à valoriser et à exploiter, à savoir deux façades maritimes de 3.500 kilomètres. Il a assuré qu’à l’instar de la station Souss Massa dans la province de Chtouka Ait Baha, qui « constitue une expérience réussie et qui permet, dans sa capacité maximale, de produire quotidiennement 400.000 m3 d’eau dessalée destinée à des usages d’irrigation et d’approvisionnement en eau potable », le gouvernement entreprend actuellement des études pour la réalisation du projet de la station de dessalement de l’eau de mer dans la région de Casablanca-Settat, pour une capacité de production de 300 millions m3 par an. Ce projet s’inscrit dans le cadre du partenariat entre les secteurs public et privé et permettra de fournir de l’eau à la population de ladite région, et de diminuer la pression sur les fleuves Oum Errabia et Bouregreg, a-t-il précisé. S’agissant de l’utilisation des eaux usées, le chef du gouvernement a indiqué que ce choix est crucial pour relever le défi du stress hydrique au Maroc, pour réduire la pollution des eaux souterraines ainsi que le flux de pollution résiduelle qui se déverse dans le milieu récepteur, ce qui « nous oblige à exploiter ces eaux de manière efficace ». Il a souligné, dans ce sens, que le gouvernement a préparé une convention pour la réalisation de 8 projets de réutilisation des eaux usées traitées, qui permettront d’économiser environ 12 millions de m3 d’eau par an, pour un coût de 454 millions de dirhams, à Kelaâ des Sraghna, Oujda, Rabat, Salé, Skhirat, Témara, Benslimane, Errachidia, Laâyoune, Chtouka Ait Baha et Al Hoceima. S’ajoutent à cela l’élargissement du réseau d’assainissement liquide et l’augmentation de la réutilisation des eaux usées, conformément au Programme National d’Assainissement Liquide (PNA) qui cible 150 centres urbains et 1.200 centres ruraux. Pour réaliser l’équité territoriale, M. Akhannouch a précisé que le gouvernement s’emploie à mettre en œuvre les projets de raccordement des systèmes hydriques, en raison de la concentration de la moitié des ressources de surface dans les bassins du Nord-Ouest dont la superficie ne dépasse pas 7% de l’ensemble du territoire national. Il a fait état, dans ce cadre, de la réalisation des études nécessaires pour interconnecter les systèmes liés aux bassins hydrauliques, en tenant compte des évolutions en rapport avec la demande en eau et l’impact des changements climatiques. A cet égard, M. Akhannouch a annoncé le lancement des travaux de réalisation de la tranche d’urgence destinée à raccorder le barrage El Manbaa situé sur le fleuve de Sebou au barrage Sidi Mohamed Ben Abdallah situé sur le fleuve de Bouregreg, avec un débit de 15 m3 par seconde et un coût estimé à 6 milliards de dirhams. Et de relever que le Maroc dispose de d’entreprises nationales leaders dans ce domaine, qui contribueront à la réussite de cet atelier et à sa mise en œuvre dans le respect des engagements fixés et des délais convenus. Par ailleurs, le chef du gouvernement a appelé à plus de vigilance institutionnelle pour affronter l’avenir en toute confiance, en « se focalisant sur l’amélioration des dispositions du Plan national de l’eau 2050, conformément aux Hautes instructions royales et aux recommandations du nouveau modèle de développement, tout en y incorporant des mécanismes de gouvernance, de suivi et d’évaluation nécessaires pour garantir son efficacité ». Ce Plan, a-t-il dit, nécessitera un budget d’environ 383 milliards de dirhams pour les 30 prochaines années, dont une grande partie sera financée par les fonds publics. Selon le chef du gouvernement, ce Plan aidera à mobiliser 4,5 milliards de mètres cubes additionnels d’eau à l’horizon 2050, à travers la poursuite de la politique des grands barrages, l’implémentation de projets visant le raccordement des bassins pour garantir une gestion flexible des ressources hydriques, la récupération des eaux pluviales et la mise en place de petits barrages et de lacs collinaires pour atteindre une capacité de production d’un milliard de mètres cubes en 2030 et réduire le taux d’envasement à hauteur de 10 à 20% par l’aménagement des bassins hydrauliques. Avec cette vision stratégique, le Maroc compte atteindre une meilleure gestion de la demande en eau et mieux valoriser cette ressource pour économiser 2,5 milliards de mètres cubes en raccordant les systèmes hydrauliques et en améliorant le rendement des réseaux de distribution d’eau potable (80% en 2030 et 85% à partir de 2040), tout en poursuivant la mise en œuvre du Programme national d’économie d’eau en irrigation, pour atteindre 70% de surfaces irriguées. Le Chef du gouvernement a aussi insisté sur le fait que ce plan vise à préserver les nappes phréatiques et à engager une gestion participative et durable de ces dernières dans un cadre contractuel, tout en réduisant leur usage à 50% à l’horizon 2030 pour atteindre un équilibre à l’horizon 2050. Parmi les autres objectifs de ce plan, M. Akhannouch a aussi évoqué le renforcement des mécanismes de gouvernance et de prévention des inondations ainsi que la mise en place d’un programme d’aménagement des fronts d’eau, appelant à une mobilisation générale en faveur d’un nouveau modèle de production et de consommation durable des ressources en eau.