Le Plan d’action de Fès sur le rôle des chefs religieux contre l’incitation à la violence a prouvé son importance, selon l’ONU

Le plan d’action de Fès sur le rôle des chefs religieux contre l’incitation à la violence dont le 5è anniversaire a été marqué récemment dans la capitale spirituelle du Royaume, à l’occasion d’un symposium de haut niveau, a prouvé son importance, a souligné l’organisation des Nations Unies. Lancé par les Nations Unies en 2017, ce plan se veut une plateforme engagée dans la promotion de la paix, la compréhension, le respect mutuel et les droits fondamentaux de tous les peuples, a relevé le service de presse de l’ONU sur son site internet, ajoutant que ce plan est le fruit de deux années de consultations lancées à Fès avec les chefs des différentes confessions et religions du monde sous l’égide du Bureau des Nations Unies pour la prévention du génocide et la responsabilité de protéger (OSAPG). Lors de ce symposium de haut niveau initié les 20 et 21 juillet, par la Délégation interministérielle aux Droits de l’Homme, la Rabita Mohammadia des Oulémas au Maroc en partenariat avec le OSAPG, les participants ont souligné que la lutte contre les discours de haine passe par un engagement soutenu et inclusif et des efforts accrus de la part des Etats membres des Nations Unies, en insistant sur l’importance d’accompagner ces efforts par des initiatives au niveau local, national et international impliquant les chefs religieux. Par la même occasion, ils ont mis en garde contre les discours de haine, accentués durant la pandémie de COVID-19 et la désinformation, à la fois hors ligne et en ligne, estimant que les discours de haine sont particulièrement préjudiciables dans les sociétés qui avaient connu ou risquaient d’être victimes de violences qui, si elles n’étaient pas combattues, pouvaient conduire à un génocide et à d’autres atrocités. Deux jours durant, les participants ont passé au crible des sujets divers traitant du rôle des chefs religieux dans la promotion de sociétés pacifiques, inclusives et justes, du renforcement de l’appui à la mise en œuvre du Plan d’action de Fès au niveau international, et de l’approche genre dans la poursuite de la mise en œuvre du plan d’action notamment à travers l’autonomisation des femmes et des jeunes, en plus de l’examen des expériences et des meilleures pratiques en la matière. Lors des débats, les intervenants ont reconnu toutefois que certains défis subsistaient et devaient être résolus rapidement, notamment les structures et les ressources limitées nécessaires à la mise en œuvre du Plan, outre la vulnérabilité des acteurs religieux dans certains contextes. Ils ont insisté sur la nécessité de déployer davantage d’efforts et de mobiliser plus de ressources pour appuyer l’implémentation du Plan d’action de Fès, en accordant une attention particulière au soutien des chefs religieux et des organisations confessionnelles ainsi que des femmes et des jeunes. Ils ont également souligné l’importance pour les Etats membres de l’ONU de rester pleinement engagés dans le cadre du Plan d’action de Fès, conformément aux résolutions de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la promotion du dialogue interreligieux et interculturel et la tolérance dans la lutte contre les discours de la haine, tout en recommandant une collaboration plus étroite avec les mécanismes internationaux et régionaux des droits de l’homme ainsi qu’avec les entités des Nations Unies opérant sur le terrain pour favoriser la mise en œuvre du Plan. Les participants ont également appelé à traduire largement ledit Plan d’action, y compris dans les langues locales et à permettre l’accessibilité aux personnes en situation de handicap pour accroître son impact dans les contextes locaux, là où il est le plus nécessaire. En outre, ils ont demandé instamment que les efforts de mise en œuvre soient suivis et évalués. Dans un message à cette conférence lu par la Conseillère spéciale pour la prévention du génocide, Alice Nderitu, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a salué le Plan d’action de Fès, pour son engagement à promouvoir la paix, la compréhension, le respect mutuel et les droits fondamentaux de tous les peuples, et pour les nombreux moyens par lesquels les chefs religieux peuvent contribuer à faire avancer la paix et la stabilité. Il a appelé les chefs et acteurs religieux à mettre en œuvre le Plan d’action et les États Membres et autres parties prenantes, à appuyer au plus vite cette mise en œuvre. De son côté, le président de l’Assemblée générale des Nations Unies, Abdulla Shahid, a souligné que le dialogue interreligieux est essentiel pour consolider des sociétés inclusives et pacifiques dans lesquelles les atrocités criminelles sont éthiquement inconcevables. Le Plan d’action de Fès renferme un appel à l’action lancé aux chefs et organisations religieux pour qu’ils préviennent les atrocités, a-t-il dit, en saluant la contribution des 232 chefs et acteurs religieux venus de 77 pays qui ont influencé les dispositions du Plan d’action de Fès. Pour sa part, le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, a souligné que le Symposium a été une occasion très importante de mettre en avant le rôle du Plan d’action de Fès dans l’interdiction de l’incitation à la haine religieuse et ethnique qui pourrait conduire à la discrimination, aux hostilités ou à la violence. Grâce au rôle central et historique de la Commanderie des croyants, le Maroc a préservé sa riche histoire de cohabitation, de coexistence et d’harmonie confessionnelle à travers les âges, a indiqué le ministre, qui a aussi mis l’accent sur l’engagement constant du Royaume à mettre en œuvre la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies. Le délégué interministériel pour les droits de l’homme, Ahmed Chaouqui Benyoub, a souligné, lui, que le Maroc continue avec détermination de lutter contre le terrorisme et la violence, grâce à sa stratégie proactive fondée sur la vigilance, la souplesse, et le ferme engagement à repousser toute menace et tout risque potentiel. M. Benyoub a aussi attiré l’attention sur l’approche nationale d’intégration des droits de l’homme et du développement dans la gouvernance de la sécurité, la lutte contre la pauvreté, l’exclusion et la marginalisation sociale, et celle pour la propagation des valeurs de modération et de dialogue interreligieux. Intervenant à cette occasion, Mme Nderitu, a mis l’accent sur les progrès dans la mise en œuvre du Plan d’action de Fès dans les cinq continents, soulignant que ce Plan constitue un « excellent outil pour engager les chefs et acteurs religieux à défendre la dignité humaine et à sauver des vies ». “J’appelle les chefs religieux et les acteurs religieux à mettre en œuvre ce plan à grande échelle et les États membres et autres parties prenantes concernées à soutenir rapidement sa mise en œuvre”, a-t-elle insisté. Dans la même veine, le Secrétaire général de la « Rabita Mohammadia » des oulémas, Ahmed Abbadi, a souligné la nécessité de se montrer plus vigilant face aux transformations du monde. Il s’est attardé sur le droit à la solidarité, base de la vérité et de la paix, en relevant que ce droit ne peut être revendiqués sans le devoir de solidarité qui ne peut être garanti que par la foi: le devoir de combattre les discours de haine et l’exclusion qui mènent aux divisions entre les membres d’une même famille. Il a également indiqué que le Plan d’action de Fès vise à mobiliser les efforts des chefs religieux pour l’immunisation des peuples et des sociétés contre la violence et la haine. L’ambassadeur, représentant permanent du Maroc auprès des Nations Unies, Omar Hilale, a, de son côté, souligné que l’engagement du Royaume du Maroc en faveur des valeurs universelles de la paix, la coexistence pacifique, la tolérance religieuse, le dialogue entre les cultures et les civilisations ne date pas d’hier. « Il est un héritage parrain de toutes les monarchies marocaines », a-t-il dit. Il a fait observer que le Maroc a renforcé sa coopération avec l’ONU et toutes ses agences pour la mise en œuvre effective du Plan d’action de Fès à travers de nombreuses activités et initiatives, tout en mettant en avant l’importance du Plan d’action de Fès, « un document pionnier et une feuille de route vivante et réactive pour sauvegarder les piliers de la paix et de la sécurité, respecter et promouvoir les droits de l’Homme et libertés fondamentales de tout un chacun, et stimuler le développement durable pour tous”.