Le financement de la santé au Maroc au centre d’une rencontre d’étude à la Chambre des Conseillers
Le financement de la santé au Maroc a été au centre d’une rencontre d’étude organisée, mercredi à Rabat, par le groupe thématique sur la sécurité sanitaire à la Chambre des Conseillers, en partenariat avec le Bureau de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) au Maroc, la Faculté des Sciences juridiques, économiques et sociales – Souissi et le Centre interdisciplinaire de recherche en performance et compétitivité (CIRPEC). Dans son mot d’ouverture de cette rencontre organisée sous le thème « Financement de la Santé au Maroc: entre l’offre de soins et mécanismes de performance », Fouad Kadiri, président du groupe thématique temporaire sur la sécurité sanitaire a affirmé que la procédure d’augmentation des ressources publiques destinées au secteur de la santé ne saurait constituer une évolution importante au niveau de la performance du système de santé du Royaume, sans la mise à exécution de profondes réformes visant à renforcer les mécanismes de gouvernance de ce secteur. ِCette action, a-t-il poursuivi, appelle à orienter les dépenses publiques selon une vision claire pour lutter contre les déséquilibres que connaît le secteur, sur la base d’études précises pour déterminer les besoins, et proposer des alternatives de solutions connexes, en plus de soutenir les investissements du secteur privé de la santé pour éliminer les disparités spatiales, en adoptant de nouvelles incitations fiscales, ou en proposant des aide en nature, telle que la proposition d’offres immobilières à des prix convenables, ou sous forme d’une aide financière destinée à l’achat d’équipements et de fournitures médicales. M. Kadiri a expliqué que l’approche optimale de financement du système de santé repose sur l’option d’augmenter progressivement le budget général alloué au secteur de la santé et d’œuvrer pour réduire progressivement les dépenses de santé des familles, en renouvelant les conventions nationales, en revoyant le tarif de référence et en mettant à jour les protocoles de soins, entre autres. De son côté, la représentante de l’OMS au Maroc, Maryam Bigdeli a relevé que le financement de la santé est l’un des six piliers sur lesquels repose le secteur de la santé, à savoir le système de production des soins, les ressources humaines, le système d’information, les produits médicaux, vaccins, technologies, gouvernance et leadership, ainsi que le financement de la santé. Mme Bigdeli a fait observer que 45,6 % des dépenses totales de santé au Maroc proviennent des poches des individus et de leurs familles, avec une diminution significative ces dernières années, considérant que l’objectif stratégique de tout système de santé est d’assurer une couverture sanitaire globale avec un niveau de protection financière inférieure à 25 %. Elle a souligné que la stratégie nationale de financement de la santé, que l’OMS a accompagnée en concertation avec le ministère de la Santé et de la protection sociale, repose sur trois fonctions, à savoir la mobilisation des ressources, le regroupement et l’acquisition. Pour sa part, Azzedine Ghofrane, Doyen de la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales – Souissi a relevé que le système de santé marocain s’inscrit dans une phase de réformes, notant que les diverses alternatives et expérimentations ouvriront la voie au développement d’un système de santé durable dont le financement sera toujours accessible. “Le pari actuel réside dans la recherche de mécanismes alternatifs et de meilleures pratiques”, a-t-il souligné, mettant l’accent sur l’importance de mettre les règles d’efficacité et de rationalisation au cœur de ce type de discussion, puisque le financement de la santé ne se limite pas au suivi budgétaire, mais exige encore d’entamer des consultations sur ce qui devrait être financé et comment y parvenir, ainsi que sur quel segment de la société il faut cibler et quelle offre peut être faite. Le Président du CIRPEC, Omar Hanich, a fait remarquer que le centre, grâce à son capital académique, espère contribuer à éclairer les décideurs sur les opportunités futures en matière de santé et son financement, soulignant l’importance de bénéficier de l’expérience et du soutien des organisations internationales et des diverses expériences dans ce domaine. “Rechercher dans les bonnes pratiques et dans les expériences internationales suppose l’acceptation de la différence, la lecture d’études de cas internationales, l’élaboration d’articles scientifiques orientés vers la recherche liée à l’évaluation économique et politique, la proposition d’un cadre d’analyse intégré, ainsi que la proposition d’approches diagnostiques qui prennent en compte les spécificités de la société marocaine, de son économie et de ses structures de santé”, a expliqué M. Hanich. Apporter une réponse interne sur le cas du Maroc, a-t-il estimé, c’est se concentrer sur les approches et démarches à suivre pour parvenir à un degré de réflexion mûre et éclairée sur le financement de la santé, soulignant l’importance d’impliquer toutes les parties concernées par le secteur de la santé au Maroc afin de formuler des recommandations pratiques.