Le politologue Mustapha Sehimi fustige l’instrumentalisation des droits de l’Homme par certaines ONG et autres officines ciblant le Maroc
Le politologue Mustapha Sehimi a fustigé mardi l’instrumentalisation des droits de l’Homme par certaines ONG internationales et autres officines ciblant le Maroc tant pour ce qui est de sa transition démocratique que pour ce qui regarde son intégrité territoriale. Dans une chronique intitulée »Droits des victimes : le procès des ONG internationales », publiée dans le site d’actualités et d’analyses Quid.ma, ce professeur de Droit brocarde cette »instrumentalisation grossière » et ce »déni fallacieux » en notant que certaines ONG se sont distinguées depuis des années, »par un procès permanent de l’état des droits et des libertés, mais aussi par des positions antinationales touchant la marocanité des provinces sahariennes récupérées. Des voix apportant leur soutien au « peuple sahraoui », à son indépendance aussi. Ils en font un levier de déstabilisation entretenu et recyclé autour de menées sortant du cadre légal de la liberté d’expression et éligibles à ce qu’il faut bien appeler une expression communicationnelle de subversion ». Pour lui, il s’agit en l’espèce, »d’un fonds de commerce, avec des « franchisés » en Europe campant derrière des ONG et d’autres relais dans des cercles de « démocrates » à Washington ou ailleurs – encore en Espagne, et d’autres pays d’Europe nordique ». »Comment ne pas relever le parti pris et la mauvaise foi patente de RSF dans son classement de la liberté de presse au Maghreb. Le Maroc est ainsi classé à la 136ème place et il aurait avancé d’un rang par rapport à 2021 ! L’Algérie, elle, se situe à la 134ème place avec une amélioration de 12 places : on croit rêver ! De quelle « Algérie » parle RSF ? Depuis le hirak du 22 février 2019, tout n’a-t-il pas été mis en œuvre dans le régime des généraux pour museler les journalistes et les médias, multiplier les violences – interpellations, confiscation de matériel, fermeture de journaux et de sites, perturbation et coupure systématiques de l’accès au réseau internet et aux réseaux sociaux. Quant à la Tunisie, elle est classée au 94ème rang ! De quoi prêter à sourire, non ? Un pays qui traverse une situation d’exception, avec un parlement suspendu depuis juillet dernier puis dissous sur la base d’une « fraude » à la Constitution liée au recours aux dispositions de l’article 80 de la Constitution. Interpellations, arrestations, censure : tel est le traitement réservé aux journalistes et aux médias dans cette dérive autoritaire qui continue », écrit-il. Mustapha Sehimi pense aussi que cette même critique doit être faite, par ailleurs, à une résolution déposée par une dizaine de sénateurs américains – en majorité démocrates – à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse. Une résolution dans laquelle des journalistes marocains sont présentés comme » des partisans d’une presse libre » ayant fait l’objet de « sévères répressions » de la part du Maroc. Il indique que ce texte a été initié par Bob Menendez, président de la commission des relations étrangères du Sénat et neuf autres parlementaires (Marco Rubio, Ben Cardin, Time Kaine, Jeff Merkley, Chris Coons, Chris Van Hollen, Jim Moran et Johen Cornyn). Il révèle que le sénateur Menendez, fils d’immigrés cubains, avocat, a toujours milité dans le parti démocrate. Accusé de corruption pour des affaires remontant à l’époque où il était membre de la Chambre des représentants, il n’a été acquitté que le 16 novembre 2017. Le 31 janvier 2018, le ministère de la justice annonce l’abandon de toutes les charges retenues contre lui. Il se distingue aussi par son opposition à la normalisation des relations avec Cuba, à l’intensification des sanctions contre le Nicaragua et par son soutien au mouvement séparatiste avec des relais, des ONG en Europe, pratiquant le recyclage des positions d’activistes » marocains de la place. »Voilà où nous en sommes avec toutes ces officines, leurs relais et leurs suppôts. Elles ne changeront pas et comme les marronniers traditionnels de la presse, elles vont revenir suivant des agendas particuliers. Au fond, n’est-ce pas un autre avatar d’une certaine culture paternaliste, de tutorat, traduisant la rémanence d’un passé de domination qui persiste encore dans les ressorts et les comportements culturels de ses auteurs. Ce profil a des traits : il se veut montreur de conduite ; il se place comme étant la norme ; il se pare des atours de la vertu – il est le « bien » alors que nous serions le « mal ». Une maladie finalement de l’Occident, tout l’Occident, fourbu, crépusculaire, alors que se lève une aurore pleine de promesses ailleurs – au Maghreb, en Afrique, en Asie., Nous, on y croit, on a un incroyable besoin d’y croire : l’histoire est dynamique, elle jugera ! », soutient-il. Dans sa chronique, Mustapha Sehimi revient sur les réflexions exprimées lors d’un débat organisé samedi dernier au siège de la Maison de l’Avocat à Rabat par l’ Association Marocaine des Droits des victimes (AMDV) sur le thème : « Les violations flagrantes des Droits des Victimes dans les Rapports des ONG internationales ». Lors de cette rencontre animée par des avocats et des universitaires, les intervenants ont commenté, tour à tour, le récent rapport de classement mondial de Reporters Sans frontières et une résolution présentée par certains sénateurs américains. Ils ont notamment relevé l’amalgame fait par certaines ONG entre liberté de presse et crimes de droit commun. Référence a été faite à la situation pénale de trois journalistes marocains ( Taoufik Bouachrine, Omar Radi et Soulaimane Raissouni) et de l’universitaire Maâti Monjib, rapporte le chroniqueur qui se demande en quoi le cas de M. Monjib relève-t-il du champ de RSF puisqu’il n’est pas journaliste ? Il rappelle qu’il a été condamné pour « fraude » et « atteinte à la sécurité de l’Etat » à un an de prison à la fin janvier 2021. Les trois autres ont également écopé de peines de prison pour des crimes crapuleux : 15 ans pour Taoufik Bouachrine – abus de pouvoir à des fins sexuelles, viol et tentative de viol, traite d’êtres humains ; Omar Radi à six ans pour atteinte à la sûreté extérieure et intérieure de l’Etat, viol et attentat à la pudeur ; Soulaimane Raissouni à cinq ans pour viol avec violence et séquestration. La défense de ces prévenus a utilisé toutes les procédures et les voies de recours prévues. Et de noter que ce que dénonce avec vigueur l’AMDV a trait, précisément, à deux domaines. Le premier c’est la mise en cause du fonctionnement de la justice par RSF – et d’autres ONG – alors que ce sont des procès équitables qui se sont tenus. Des observateurs nationaux et étrangers étaient présents ; ils ont suivi et pu disposer de pièces des dossiers. Mais cela a été proprement évacué dans leurs rapports et leurs communiqués récurrents. Les intervenants ont ainsi souligné que de grandes avancées ont été enregistrées au Maroc et que leur expression se retrouve consacrée par la Constitution de juillet 2011. C’est tout le Titre VII de cette loi suprême qui est ainsi dédiée à l’indépendance de la justice, indépendante tant du pouvoir législatif que du pouvoir judiciaire, souligne ce juriste. L’autre aspect évoqué regarde, lui, la dénaturation des procès cités visant les trois journalistes. Car, fait-il remarquer, »ce qui a été jugé ne relève aucunement de la liberté d’expression – principe mis en avant par RSF – mais de crimes de droit commun où il y a des victimes qui ont subi des viols et des agressions sexuelles ». Il déplore que Reporters sans frontières ne fait aucune référence à ces faits dans son rapport, jugeant qu’il s’agit, en l’espèce, de »tromperie, d’instrumentalisation grossière, de déni fallacieux ».