UA: Le Maroc plaide à Addis-Abeba pour la mise en place d’un mécanisme de solidarité pour lutter contre la malnutrition
Le Maroc a appelé, jeudi à Addis-Abeba, à la mise en place d’un mécanisme de solidarité selon une approche globale et ciblée pour parvenir à lutter contre la malnutrition dans le Continent africain. Ce mécanisme de solidarité sera capable de répondre aux facteurs de la malnutrition qui touchent à la santé, aux soins maternels et infantiles, à la facilité des services, dont l’assainissement et la distribution de l’eau potable, à l’agriculture et la sécurité alimentaire, aux changements climatiques avec les phénomènes de sécheresse, de désertification, d’inondation et leurs répercussions néfastes sur les populations, a souligné le Directeur du Grand Maghreb et des Affaires de l’UMA et de l’UA au ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains Résidant à l’étranger, Abderrazzak Laassel. Cette approche globale dépend, d’une part, d’une solution à l’échelle nationale et régionale dans le cadre de la solidarité afro-africaine et Sud-Sud et, d’autre part, de l’engagement sérieux des partenaires de l’Afrique, y compris par la création d’un fonds destiné à la lutte contre la malnutrition, a soutenu M. Laassel, qui s’exprimait devant la 39è session du Conseil exécutif de l’UA, dont les travaux se déroulent au siège de l’organisation panafricaine à Addis-Abeba. Le responsable marocain, qui intervenait sur le thème de l’année 2022 « Renforcer la résilience en matière de nutrition sur le Continent africain pour accélérer le développement du capital humain, économique et social », a affirmé que le Maroc se félicite du choix de ce sujet et salue la République de Côte d’Ivoire à l’origine de cette thématique. Le Royaume accueille favorablement la note conceptuelle qui a mis en relief l’état des lieux relatif à la question de la nutrition en Afrique, tirant la sonnette d’alarme sur des chiffres sidérants. Ainsi, a déploré le responsable marocain, « force est de constater que 150,8 millions d’enfants âgés de moins de 5 ans souffrent d’un retard de croissance, dont 58,7 d’entre eux vivent en Afrique. En outre, 38 pays africains affichent des taux de prévalence de l’anémie chez les femmes supérieurs à 30% ». « La malnutrition est également l’une des causes de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans et à l’origine de la vulnérabilité des adolescents et coute aux pays africains l’équivalent de 1,9 à 16,5% de leur produit intérieur brut (PIB) », a-t-il poursuivi. Ce thème tombe à point nommé, tenant compte de la conjoncture difficile que traverse l’humanité en général, et l’Afrique en particulier, suite aux répercussions de la Covid-19, qui a bouleversé tous les plans et chamboulé tous les pronostics, creusant davantage l’écart entre riches et pauvres et retardant la réalisation de l’Agenda 2063, a relevé M. Laassel, notant que la pandémie a aggravé la malnutrition et détourné l’attention des responsables pour lutter contre la Covid-19. « Le Royaume, conscient de l’importance de la nutrition et du bien-être du citoyen marocain, s’est engagé depuis des décennies, à assurer, sous la conduite clairvoyante de SM le Roi Mohammed VI, une bonne nutrition pour les sujets de Sa Majesté », a soutenu le responsable marocain, rappelant que le Maroc a mis en œuvre les recommandations du Sommet Mondial pour l’Enfance de 1990 et la Conférence Internationale sur la Nutrition à Rome de 1992. D’où, l’enchaînement de multiples stratégies et de plans d’action innovants ayant le citoyen marocain et les futures générations pour centre d’attention, a-t-il dit. Il a, dans ce sens, cité, entre autres, les stratégies de lutte contre la malnutrition protéino-énergétique, de la promotion, du soutien et de la protection de l’allaitement maternel, du programme de lutte contre les carences en micronutriments, de la promotion de la santé scolaire et universitaire et de la stratégie nationale de Nutrition pour la période 2011-2019. Lesdites stratégies ont visé le renforcement de la composante nutrition dans les programmes de santé, de sécurité alimentaire, l’intégration de la composante nutrition dans les programmes éducatifs et dans les actions communautaires, notamment la promotion de la nutrition dans les milieux scolaire et universitaire et le développement des mesures d’appui à la stratégie Nationale de nutrition, a-t-il enchaîné. Ces stratégies ont été consolidées par des politiques sectorielles qui constituent des leviers indispensables vers une approche globale visant le développement, la sécurité alimentaire du pays et entre autres, la résolution du problème de la malnutrition et la garantie du droit à une alimentation saine, adéquate et saine. Il s’agit notamment du Nouveau Modèle de Développement du Maroc qui fixe les ambitions sectorielles dans le cadre d’une politique nationale de transformation, du Plan Maroc Vert, du Plan Halieutis et de la stratégie Génération Green 2020-2030 pour le secteur agricole, avec pour objectif d’assurer l’autosuffisance et la sécurité alimentaire du Maroc et éventuellement pour l’exportation, y compris l’approvisionnement des pays africains frères au Sahel. En outre, des stratégies de gestion durable des ressources naturelles et de lutte contre le changement climatique ont été mises en place, dont la stratégie Nationale de Développement Durable 2030, la Stratégie Nationale de l’Eau, la Stratégie énergétique nationale 2030, la stratégie nationale de gestion des risques des catastrophes naturelles, le Plan Climat National, le Plan National Stratégique d’Adaptation au Changement climatique et la réalisation des Objectifs de développement durable à l’horizon 2030, a-t-il détaillé. « L’examen de cette thématique nous met devant nos responsabilités et nous interpelle pour un engagement politique et un investissement pour mettre fin à la malnutrition qui est l’émanation d’une multitude de facteurs liés, divers, complexes et interdépendants auxquels il faut s’attaquer pour une solidarité africaine dans un cadre régional et sous régional », a souligné le responsable marocain, rappelant que le Royaume a toujours opté pour une solidarité africaine agissante, qui s’est traduite par le partage de son expérience et de son expertise avec les pays africains frères, tant dans un cadre bilatéral que tripartite et multilatéral. Ainsi, en marge de la COP22, SM le Roi a présidé le 1er Sommet Africain de l’Action en faveur d’une co-émergence continentale, le 16 novembre 2016, en vue d’œuvrer collectivement et solidairement pour une Afrique résiliente au changement climatique et qui façonne son destin à travers des approches sous régionales et régionales, dont l’initiative pour l’Adaptation de l’Agriculture Africaine, dite Triple A, le projet de la Grande Muraille Verte pour le Sahara et le Sahel, l’initiative pour la sécurité, la Stabilité et la Soutenabilité, dite Triple S, la Résilience Rurale, l’initiative Africaine pour les Energies Renouvelables , celle relative à la Conservation de l’Ecosystème du Bassin du Lac Chad, le Fonds bleu pour le Bassin du Congo, Croissance Bleue et le Couloir Africain de l’Energie propre, a-t-il indiqué. Tant d’actions prises lors de ce sommet pour épauler l’Afrique à devenir maître de son propre destin, s’est-il réjoui, notant que dans le cadre des préparatifs du Sommet des Nations Unies sur les Systèmes alimentaires, tenu dans le cadre de la 76ème session de l’Assemblée Générale de l’ONU, le Maroc a abrité le dialogue régional africain, au cours duquel plus de 40 ministres et décideurs africains ont identifié les priorités et pistes d’action d’une transformation réussie des systèmes alimentaires en Afrique. Le Conseil exécutif de l’UA avait entamé dans la matinée au siège de l’organisation panafricaine, les travaux de sa 39è session ordinaire, avec la participation du Maroc. Le Royaume est représenté par une délégation conduite par l’Ambassadeur Directeur Général des Relations Bilatérales et des Affaires Régionales au ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains Résidant à l’étranger, Fouad Yazourh, et composée notamment de l’Ambassadeur Représentant permanent du Royaume auprès de l’UA et de la CEA-ONU, Mohamed Arrouchi, de l’Ambassadeur Directeur Général de l’Agence Marocaine de Coopération Internationale (AMCI), Mohamed Methqal, et de Abderrazzak Laassel.