Le pouvoir algérien a privilégié le « tout répressif » au détriment de l’écoute des revendications populaires (collectif)

Le pouvoir politique en Algérie a décidé de privilégier le scénario du « tout répressif  » au détriment de l’écoute d’une société qui, à travers le Hirak, a régulièrement affirmé pacifiquement son refus de légitimer une gouvernance autoritaire et antipopulaire, dénonce la Coordination Nationale des Universitaires Algériens pour le Changement (CNUAC). « Après avoir tenté de récupérer la révolution du 22 février, voilà qu’il (pouvoir) diabolise le mouvement, et met en branle tous les moyens pour neutraliser les hirakistes en conjuguant répression et l’instrumentalisation de la justice », selon un communiqué de la coordination, un collectif d’universitaires, actif dans la défense des droits humains en Algérie. Il relève que ce pouvoir en place poursuit pareillement sa stratégie d’atteintes flagrantes aux libertés fondamentales constitutionnelles garanties par la loi et les conventions internationales ratifiées par l’Algérie. Selon la même source, sous la couverture de l’article 87-bis du code pénal, est incriminée toute action de solidarité avec les détenus d’opinion et tout ce qui se rapporte au hirak et l’abus de l’utilisation du mandat de dépôt est ainsi systématisé. Les marches des vendredis et des mardis, les forums, les écrits sur les réseaux sociaux et les médias critiques sont visés par cet article, regrette-t-elle, notant qu’il en a résulté des centaines d’arrestations arbitraires, des condamnations expéditives par la justice et une pression énorme sur les hirakistes, les réseaux militants ainsi que sur les universitaires et les intellectuels engagés dans le hirak. La coordination estime que cet acharnement contre les universitaires qui militent pour une démocratie majeure, les jeunes activistes du hirak, les journalistes, les avocats et intellectuels représente « la fuite en avant d’un pouvoir politique opposer à toute solution effective à la crise politico-économique dans laquelle se trouve être enlisé le pays ». Tout en évoquant les crises liées notamment aux derniers incendies en Kabylie et au manque d’oxygène pour les patients de Covid-19, elle fait observer que « pour le pouvoir politique, ces moments malheureux furent des occasions opportunes pour l’application de sa logique sécuritaire qui a rendu plus opaque encore la gestion de ces catastrophes qui furent suivies d’une répression ciblée ». « L’exécution de l’agenda politique et électoral sur fond de répression totale se traduit par une fuite massive vers l’étranger de la jeunesse désespérée et de la façon la plus tragique » (immigration clandestine), déplore ce collectif. D’après la CNUAC, la pensée critique et les libertés académiques sont bafouées et la menace permanente d’être privé de sa liberté empêche l’expression organisée de toute opposition au pouvoir politique. « L’Algérie a besoin de démocratie, de justice sociale, de valorisation de ses savoirs et de ses territoires et d’une mise au travail de sa jeunesse. Elle a besoin d’un socle institutionnel démocratique base d’un Etat de droit et d’une Constitution qui matérialise la souveraineté populaire dans l’Etat et la société », insiste-t-elle. Elle estime qu’il est urgent d’enterrer ce scénario du « tout répressif « , de libérer tous les détenus d’opinions, de lever le contrôle judiciaire sur les hirakistes, de supprimer l’article 87-bis qui ouvre la voie à tous les arbitraires, d’amorcer un vrai débat démocratique, de prendre en charge les revendications sociales et économiques des Algériens et de créer de nouvelles conditions de légitimation politique, soulignant qu' »il est temps grand temps de sauver l’Algérie ».