Primaires législatives en Argentine: Le grand oral de la gestion de la pandémie

Immergés dans l’ambiance d’une évaluation collective de la gestion de la pandémie par les autorités, plus de 34 millions d’argentins sont appelés aux urnes, dimanche prochain, à l’occasion des élections « primaires ouvertes, simultanées et obligatoires » (PASO) qui précèdent les législatives de mi-mandat prévues en novembre prochain.   Ce scrutin, qui est considéré comme une particularité unique du système électoral argentin, consiste à départager les listes de candidatures de différents partis pour déterminer des listes uniques, par coalition ou parti, à présenter aux législatives. Le scrutin législatif, qui était prévu en octobre et reporté au 14 novembre prochain à cause de la pandémie, consiste à renouveler 127 sièges sur les 257 que compte la Chambre basse du congrès, soit le tiers des députés, dont le mandat dure 5 ans. De même, le tiers des sénateurs (24) mettront leurs sièges en jeu dans huit provinces sur les 24 du pays. Le mandat des sénateurs dure 6 ans Deux grandes coalitions s’affrontent dans ce scrutin perçu comme une répétition générale avant les élections officielles de novembre et qui détermineront les gagnants des sièges à pourvoir à la chambre des députés et au sénat. La coalition au pouvoir « Frente de Todos » (Front de Tous, centre-gauche), dirigée par le président Alberto Fernández et la vice-présidente Cristina Fernández de Kirchner, semble être bien parti pour remporter le scrutin, selon les sondages réalisés pendant la campagne électorale. Son principal objectif est faire valider sa gestion de la pandémie et de la reprise économique et entamer, revigorée, la deuxième partie du mandat présidentiel. Il est évident que les stratèges de la coalition au pouvoir, qui se revendique du péronisme et qui est dotée d’une redoutable machine électorale, veulent au minimum conserver le nombre de députés et de sénateurs avec lesquels la coalition gouverne depuis les élections présidentielles de 2019. Mais le scénario le plus optimiste pour eux, serait d’augmenter le nombre de législateurs aussi bien au Sénat qu’à la chambre des députés afin de faire adopter ses réformer sans besoin de consensus avec les autres forces représentées au Congrès. Les candidats du gouvernement ont défendu mordicus les réalisations de l’Exécutif, notamment en matière de reprise économique post-pandémie : aides aux entreprises et aux ménages, lutte contre le chômage, l’interdiction des licenciements pendant la pandémie, l’augmentation des salaires pour faire face à une inflation galopante. Quant à l’opposition, regroupée au sein de la coalition « Juntos por el Cambio » (Ensemble pour le changement, centre-droit), elle est conduite par l’ancien président Mauricio Macri (2015-2019). Ses têtes de listes ont usé de toute la panoplie du lexique guerrier pour tenter de décrédibiliser les actions du gouvernement et se présenter comme une alternative fiable, sérieuse et proche des gens. Elles ont martelé dans les médias que le gouvernement a failli dans gestion de la pandémie, en privant les enfants de l’école et en s’octroyant des privilèges alors que la population en était privée. Deux événements ont été particulièrement soulignés par l’opposition : le scandale des vaccins VIP dans lequel étaient impliqués des proches du pouvoir et la fête organisée dans la résidence présidentielle en pleine pandémie alors que toute la population était confinée et interdite de circulation. Les deux coalitions sont conscientes que l’enjeu principal de ce scrutin se déroule dans la province de Buenos Aires, qui concentre 38% des électeurs et dans laquelle 35 sièges sont en jeu. C’est justement dans cette province que se déroules les débats les plus importants entre les candidats en vue et où se sont tenus les meetings les plus houleux. Les PASO, qui sont taxées « d’exotisme argentin » en raison de leur caractère unique dans le monde, sont un avant-gout de la campagne électorale pour les législatives de novembre prochain. Les deux mois qui séparent les deux scrutins seront décisifs dans le contexte d’une reprise économique en dents de scie et de la menace d’une troisième vague du virus charriée par le variant Delta.