Élections du 8 septembre : les lendemains qui déchantent

Par Rachid Sami.

Rabat – Les élections du 8 septembre resteront et pour longtemps gravées dans la mémoire des Marocains d’ici et dans le monde. Le verdict des urnes est tombé. Sévère et même annonciateur d’une mort politique pour les uns, quoique l’on n’est jamais mort en politique. En revanche, il a été pour d’autres synonyme de retour en force, voire de résurrection.

Comme dans toute compétition électorale, il y a les gagnants et les perdants. En l’espèce, un seul et unique perdant, en l’occurrence, le PJD aux affaires depuis une décennie. Une déroute électorale qui surprend par son ampleur. 13 sièges contre 125 il y a cinq ans. Une véritable descente aux enfers.

Grande fut la stupéfaction des analystes et tout aussi grande fut la déception des cadors et militants de ce parti conservateur qui se targuait il y a encore peu de temps d’être et de pouvoir rester la première force politique dans le pays. Mais rien n’est sûr en politique.

Preuve, des candidats de poids de ce parti ont essuyé une cuisante défaite. À leur tête, son patron et chef du gouvernement sortant, Saad Dine El Otmani au niveau de la circonscription de Rabat-Océan, Mustapha El Khalfi à Sidi Bennour, Driss El Azami El Idrissi à Fès, Habib Choubani (Midelt), Mohamed Amekraz (Tiznit) ou encore Mohamed Larbi Belkaid, le Maire sortant de Marrakech.

Cette débâcle électorale de candidats jadis indéboulonnables ne concerne pas uniquement le PJD mais aussi d’autres partis, en premier, le PPS avec la défaite de son Secrétaire général, Nabil Benabdellah, K.O dans la circonscription Rabat-Océan aux côtés d’Isaac Charia, le tout nouveau patron du PML, en lice également dans cette “circonscription de la mort”.

Quant aux candidats de renom qui se sont imposés – facilement pour la plupart- dans leurs circonscriptions, on cite en premier le président du RNI, grand vainqueur de ses élections, Aziz Akhannouch, élu haut la main à Agadir. Tout comme le Secrétaire général du PAM, Abdellatif Ouahbi à Taroudanet et dont le parti s’est adjugé la seconde place. Et aussi la victoire à Larache de Nizar Baraka, le Secrétaire général du PI, le plus ancien parti marocain en activité depuis 1943, arrivé troisième.

Si la victoire desdits candidats était assurée d’avance, ce n’est pas le cas pour d’autres qui reviennent de loin. Comme c’est le cas de la Secrétaire générale du PSU, Nabila Mounib, qui a réussi à s’imposer dans la liste régionale de Casablanca-Settat. Devenant à 61 ans la première femme députée tout en étant à la tête d’une formation politique.

Il convient, par ailleurs, d’évoquer la victoire de vieux routiers de la politique, devenus des personnages familiers sous la coupole du parlement. Entre autres, Habib El Malki (USFP) pour la circonscription de Khouribga, au perchoir lors de la précédente législature, Noureddine Mediane (PI) qui a conservé son siège à Al Hociema. Mais le plus ancien de tous est incontestablement Abdelouhed Radi (USFP), député durant les 10 précédentes législatures à Sidi Slimane. Un record. Sa première élection remonte, en effet, à l’année 1963. Il avait alors 26 ans.

Loin d’être exhaustive, cette liste des gagnants et perdants parmi les candidats favoris permet de mesurer, entre autres, l’ampleur des pertes sur le plan de l’assise électorale de certains partis, principalement et presque exclusivement le parti de la Lampe qui a perdu sa flamme. Verra-t-il pour bientôt la lumière au bout du tunnel ou bien sera-t-il condamné pour longtemps à une interminable traversée de désert ? Seul l’avenir nous le dira.