Maroc/Algérie: Quatre questions Juvenal Urizar Alfaro, président de la fondation chilienne « Acción Global Sur »

Dans un entretien accordé à la MAP, le président de la Fondation chilienne « Acción Global Sur » (Action Globale Sud), Juvenal Urizar Alfaro, estime que rien ne justifie la rupture, de la part de l’Algérie, de ses relations diplomatiques avec le Maroc. Voici les réponses de l’avocat et professeur chilien des relations internationales aux questions de la MAP : 1 – La décision algérienne de rompre les relations diplomatiques avec le Maroc vous a-t-elle surpris ? Pourquoi ? – Sans aucun doute, l’étrange décision algérienne a provoqué une certaine surprise chez le peuple marocain et la communauté internationale en général, en plus du malaise naturel que puisse provoquer une rupture des relations, contrairement aux pratiques diplomatiques entre les nations civilisées, d’autant plus que plus la justification est longue, plus elle est difficile à croire. Apparemment, l’Algérie n’apprécie pas le développement social, politique, économique, éducatif que connaît le Maroc, encore moins l’attitude que les États-Unis ont adoptée en reconnaissant la souveraineté du Royaume sur les provinces du sud. Il s’agirait d’un mélange de plusieurs raisons, mais ce Tutti Frutti de prétextes ne justifie pas qu’un État rompe unilatéralement ses relations diplomatiques avec un autre Etat, du jour au lendemain.   2 – Au-delà de la longue déclaration que le ministre algérien des Affaires étrangères a lue à ce sujet, quelles sont les vraies raisons qui pourraient justifier à votre avis cette décision ? – Je pense qu’il y a un acte simulé et un acte dissimulé.  L’acte simulé vient mettre fin à la coopération autour du gazoduc Maghreb-Europe pour approvisionner le sud de l’Espagne. Son côté économique vise à faire pression ou à punir. Autant que je sache, le contrat expire à la fin de cette année, et s’il n’est pas renouvelé, ce gazoduc devient propriété de l’Etat marocain. Donc, en réalité ce que le Maroc perd est minime. L’Algérie perd davantage, parce que l’autre gazoduc qui permet d’approvisionner directement l’Espagne a une faible capacité et il est, par conséquent, moins compétitif. L’acte dissimulé derrière les véritables raisons qui justifient clairement pourquoi il y a de la colère, de l’envie, de la perfidie de la part de l’Algérie, ce sont ses plans pour le polisario qui n’ont pas fonctionné. La question de la pandémie et le prochain boom économique post-pandémie qui approche vont rendre les plans de l’Algérie plus chimériques que jamais.   3 – Pourquoi à votre avis, le gouvernement algérien a-t-il ignoré la main tendue du Maroc ? – Le Maroc a toujours eu la volonté de dialogue et d’entente. Il l’a démontré à travers ses relations avec tous les pays d’Afrique et, ailleurs, avec les pays qui s’inscrivent en faveur des principes et des normes de la coopération Sud-Sud et des pratiques universellement acceptées dans ce domaine. Le « jeu à somme nulle » auquel s’adonne l’Algérie affecte davantage le peuple algérien, qui a besoin de plus d’espaces pour le travail, la santé, l’éducation. Cette attitude relève de la politique politicienne, de la politique avec un p minuscule, et non d’une vision d’Etat.   4- À quoi pourrait ressembler l’avenir de ces relations rompues? – Concernant l’avenir, je crois que la raison doit prévaloir pour l’instant, car les esprits en Algérie sont surchauffés. Je suis sûr que deux nations qui, historiquement, géographiquement et ethniquement, partagent une tradition et un héritage commun, sont condamnées naturellement à s’entendre. Au XXIe siècle, les relations internationales sont basées sur la formule Win-Win (…). Je suis sûr que le citoyen algérien, le moment venu, fera savoir aux autorités de son pays, par des faits et non pas par des paroles, qu’il faut retourner à la table des négociations et, espérons-le, remettre sur de meilleures bases le rétablissement des relations diplomatiques. J’espère que la raison va triompher et que le dialogue reprendra. La main du Maroc continue d’être tendue. Il faut que la justice et le droit prévalent, en raison de tout ce que le Maroc a fait, non seulement avec l’Algérie, mais aussi avec le Maghreb et partout en Afrique. Le Maroc est l’ambassadeur naturel, le médiateur naturel qui exerce ses bons offices au nom de l’ensemble du continent africain.