Journée nationale du migrant: cinq questions au secrétaire général du CCME, Abdellah Boussouf
Célébrée le 10 août de chaque année, la journée nationale du migrant est l’occasion d’évoquer la situation des Marocains résidant à l’étranger (MRE) et de mettre en lumière leurs acquis ainsi que leurs défis, tout en explorant leurs perspectives et leurs liens avec la Mère-patrie. Dans un entretien accordé à l’Agence marocaine de presse (MAP), le secrétaire général du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), Abdellah Boussouf, apporte un ensemble d’éclaircissements sur ces questions tout en évoquant le rôle dévolu aux MRE dans le nouveau modèle développement et au CCME dans leur accompagnement. – Comment avez-vous accueilli l’initiative de SM le Roi Mohammed VI visant à faciliter le retour au pays des Marocains du monde à des prix abordables ? Il s’agit sans doute d’une initiative historique et unique dans le monde. On était au CCME parmi les premières institutions qui ont salué cette initiative royale qui exprime et incarne la Haute sollicitude dont SM le Roi Mohammed VI entoure les membres de la communauté marocaine à l’étranger et qui affirme l’attachement permanent du Souverain à la protection des droits et intérêts des Marocains du monde et au renforcement de leurs liens solides avec la mère-patrie. On a constaté ainsi les réactions de gratitude et le sentiment de fierté exprimé par les Marocains résident à l’étranger à travers les réseaux sociaux et les médias nationaux suite à ce geste royal qui va rester gravé dans les mémoires. – Comment le CCME a tenté d’apporter son concours aux MRE durant l’année écoulée et son contexte particulier ? Conformément à ses compétences, le CCME a suivi de près la situation des Marocains du monde et les différentes problématiques auxquelles ils sont confrontés afin de pouvoir élaborer des propositions de solutions. Dans ce cadre, des recommandations d’ordre social, administratif, économique et religieux ont été proposées par le Conseil. Le CCME a également publié une étude en partenariat avec l’institut européen de sondage IPSOS sur la question de la discrimination vue par les jeunes issus de six principaux pays de l’émigration marocaine. L’intégralité de cette étude inédite qui couvre plusieurs volets sur la jeunesse marocaine en Europe sera publiée prochainement. À travers sa plateforme numérique Awacer TV, le Conseil veille à maintenir les liens culturels et religieux avec les Marocains du Monde. La plateforme propose une programmation riche est diversifiée et des débats quotidiens avec la participation de plusieurs acteurs de l’émigration marocaine dans tous les domaines. Cela s’ajoute à la disponibilité permanente du CCME qui est toujours à l’écoute des problématiques et des difficultés des MRE pour les transmettre aux différents acteurs institutionnels et trouver les solutions adéquates. – Les difficultés liées à la crise sanitaire ont-elles eu un impact sur le soutien que les MRE ont toujours apporté à leur pays d’origine ? La crise sanitaire a eu un impact considérable sur une grande partie de la communauté marocaine, notamment sur ceux qui travaillent dans les secteurs les plus touchés par les effets de la crise. Une situation qui a poussé les institutions monétaires internationales à lancer les alertes à propos des transferts financiers des migrants qui attendent une baisse de 20%. Or l’expérience a montré le contraire en ce qui concerne les transferts des Marocains du monde, qui ont contrarié les prévisions internationales et enregistrent un record malgré la conjoncture sanitaire : près de 70 milliards de Dirhams en 2020, selon l’Office des changes et plus de 44 milliards de dirhams lors des 6 premiers mois de l’année en cours. C’est une autre histoire inspirante en terme d’engagement national et d’attachement inconditionnel aux origines écrite par les Marocains résidant à l’étranger. – Les MRE occupent une place importante dans le Nouveau modèle de développement. Selon vous, comment la diaspora marocaine peut-elle contribuer davantage à l’essor économique du Maroc et à son rayonnement à l’étranger ? Le rapport de la Commission spéciale sur le modèle de développement a souligné plusieurs sujets de grande importance dans lesquels les Marocains du monde peuvent apporter leur savoir-faire afin de participer au développement de la nation. La commission a souligné des propositions, en ce qui concerne la politique d’attrait envers les Marocains du monde hautement qualifiés opérant dans les secteurs de pointe, tels que les NTIC, la biotechnologie ou les énergies renouvelables, ou encore la mise en place d’une agence marocaine de l’action culturelle à l’étranger. Tenant compte de leur présence dans plus de 100 pays à travers le monde, les Marocains résidant à l’étranger sont, comme le Rapport le souligne, des ponts entre le Maroc et les marchés internationaux. Leurs rôles dans le rayonnement économique et culturel du Maroc sont indiscutables mais peu exploités. Une vraie politique publique efficace et rationnelle à l’égard des Marocains du monde demeure une nécessité stratégique afin d’appliquer les stratégies visant la mobilisation des compétences et le renforcement des rôles attribués aux MRE pour mieux participer au développement de notre pays. – Quel rôle sera dévolu au CCME pour y parvenir ? La Commission spéciale sur le modèle de développement réitère dans son rapport l’importance de la mise en œuvre des dispositions constitutionnelles, pour une meilleure représentation de notre diaspora, plus particulièrement à travers le renforcement du CCME. En ce sens, le CCME a développé un savoir-faire scientifique sur l’ensemble des questions liées à la communauté marocaine à l’étranger dans sa diversité. Ce savoir-faire, le Conseil le met à la disposition de tous les acteurs publics pour la mise en œuvre d’une politique publique rationnelle efficace vis-à-vis des Marocains du monde. Le CCME a cumulé au fil des années une expérience considérable qui lui permet d’être le lien entre les compétences issues de l’immigration marocaine et les différentes institutions intéressées par leur apport, qu’elles soient du secteur publique ou privé.