Un juriste français souligne l’«inconscience étonnante» des dirigeants espagnols à l’égard des réalités économiques et géopolitiques
Hubert Seillan, avocat au barreau de Paris et président de la Fondation France-Maroc a souligné l’«inconscience étonnante» des dirigeants espagnols à l’égard des réalités économiques et géopolitiques. Dans une analyse sur la récente tension diplomatique entre l’Espagne et le Maroc, sur fond de la décision de Madrid d’accueillir en catimini le chef du polisario, Me Seillan a affirmé qu’«en s’engageant auprès de l’Algérie, en conflit direct avec le Maroc, dans des conditions clandestines, les dirigeants espagnols ont manifesté une inconscience étonnante à l’égard des réalités économiques et géopolitiques». «Bien qu’elle ait administré le Sahara marocain durant près de cent ans, l’Espagne en a-t-elle vu autre chose que les mines de phosphates et les ressources halieutiques ? Sa carte du territoire était en effet très sommaire et n’avait que peu de rapports avec celle que nous en donne aujourd’hui le Maroc. Il est possible d’en déduire qu’elle n’a eu qu’une connaissance limitée des caractéristiques essentielles de ce territoire et de sa population », écrit le juriste français dans cette analyse sous le titre «La faute de l’Espagne envers le Maroc». «Cette carence ne lui a sans doute pas permis de disposer de la sagesse nécessaire dans la décision récente » qui consiste à accueillir un « Brahim Ghali qui fait depuis 2006 l’objet de poursuites pénales pour des infractions graves notamment de crime contre l’humanité, d’enlèvement, de séquestration et de tortures ». D’ailleurs, « un mandat d’arrêt a été émis contre lui en novembre 2016 par la justice espagnole pour génocide, torture et viol », rappelle le juriste. Selon Me Seillan, « la sérénité avec laquelle les Marocains gèrent sur le plan international la situation du Sahara depuis 45 ans, aurait dû inciter les autorités espagnoles à apprécier plus attentivement les enjeux de leur décision ». « Précédant, depuis quelques années, la France dans ses investissements au Maroc, la position de l’Espagne devient en effet compliquée. De ce point de vue, les Français sont en mesure de se féliciter de manquements aussi graves aux obligations diplomatiques formelles, sinon morales », relève le président de la Fondation France-Maroc. Mais, « le sujet principal n’est cependant pas celui-ci, car il lui est bien supérieur. Le Maroc, grâce au Sahara est le moteur des échanges Nord Sud et de la sécurité à l’Ouest de l’Afrique. Ce faisant, la décision inamicale de l’Espagne est de nature à en gripper la mécanique. Les pays européens et africains doivent méditer sur sa responsabilité », affirme le juriste français. Et Me Seillan de conclure : « quand les enjeux sont de cette importance, une maladresse devient une imprudence. Quand l’imprudence est délibérée, elle devient une faute ».