L’accueil d’un criminel de guerre en Espagne, un déni des principes de justice – politologue –
L’accueil en Espagne d’un criminel de guerre, le dénommé Brahim Ghali, constitue un déni des principes de justice, une transgression des normes diplomatiques et une violation des principes de droit international, a affirmé le politologue Mohamed Tajeddine Houssaini. Dans un entretien accordé à la MAP, M. Tajeddine Houssaini a précisé que ces principes reposent sur la réciprocité, le respect de la souveraineté des pays et la résolution pacifique des conflits, un ensemble de fondamentaux dont l’Espagne a fait fi pour mettre en péril son partenariat stratégique avec le Maroc. Lors du déclenchement de la crise catalane, le Maroc fut parmi les pays qui ont soutenu l’intégrité territoriale de l’Espagne, condamné les manœuvres séparatistes survenues dans cette région et exprimé clairement son appui au pouvoir politique espagnol, a-t-il rappelé, regrettant que l’Espagne adopte une approche inverse en ce qui concerne le Sahara marocain et l’intégrité territoriale du Royaume. Car l’accueil du dénommé Brahim Ghali n’est pas une affaire anodine liée à de prétendues considérations humanitaires, du fait que cette attitude trahit une complicité suspecte entre les régimes espagnol et algérien et met à nu leur implication dans un acte criminel réprimé par le droit espagnol, à savoir le faux et usage de faux, a-t-il accusé. Les récents développements sont préoccupants, notamment après le communiqué publié par le Maroc et qui laisse entendre que le Royaume pourrait reconsidérer ses relations avec le voisin ibérique, a-t-il fait remarquer, ajoutant que l’Espagne n’a apporté aucune réponse aux interrogations émises par les autorités marocaines sur la présence du dénommé Brahim Ghali sur le sol espagnol, ni sur les procédures qui devraient être engagées au niveau judiciaire. Le Maroc estime que l’Espagne est plutôt encline à satisfaire d’autres parties, en particulier le régime algérien, puisque l’accueil du criminel en question avec un passeport falsifié s’est fait suite à la demande d’Alger, explique M. Tajeddine Houssaini. De ce fait, l’Espagne ne remplissait plus le rôle positif qui lui sied dans la mise en place de relations stratégiques censées lier Rabat et Madrid. Les observateurs diplomatiques s’accordent sur le fait que le rappel d’un ambassadeur est un premier pas vers le gel ou la suspension des relations bilatérales. La décision du Maroc de rappeler son ambassadeur à Madrid pour consultation constitue, par conséquent, un développement dans le sens négatif. Et de prévenir : « Ce genre de développements peut avoir de graves répercussions sur l’avenir des relations entre les deux pays, qui sont d’ailleurs liés par le constant géographique, l’un des principaux éléments dans les relations internationales ». Cette posture incompréhensible de l’Espagne est probablement le résultat d’une mauvaise mise en œuvre de la démocratie dans le système exécutif espagnol, croit savoir le politologue, expliquant que plusieurs partis de l’extrême gauche et de l’extrême droite se sont mêlés de la question, alors que dans le passé, le souverain espagnol jouait un rôle majeur dans la résolution de ce genre de crises. En s’employant à « tenir le bâton par le milieu » entre le Maroc et l’Algérie, les résidents du palais de la Moncloa donnent l’impression de se comporter de manière inepte en marchandant une relation stratégique et le bon voisinage contre des intérêts économiques insignifiants, en plus de courber l’échine à certains intérêts particuliers et aux diktats de parties extrémistes.