La Conférence de Tanger ou l’esquisse d’une UMA restée lettre morte
La Conférence de Tanger des partis du Maghreb arabe (27-30 avril 1958), dont le 63ème anniversaire sera célébré mardi, a été l’esquisse, voire l’œuvre fondatrice de l’Union du Maghreb Arabe (UMA), restée lettre morte depuis plus d’un quart de siècle en raison de la position hostile et anachronique du régime algérien à l’égard du Sahara marocain. Issue d’une initiative marocaine, la conférence de Tanger avait pour objectif de donner corps aux profondes aspirations des peuples de la région à l’établissement d’une Union qui renforcera davantage les relations existantes entre eux, et réaliser une intégration économique et politique à la hauteur du rayonnement historique du Maghreb et de ses peuples unis par la communauté du destin, de la langue et de la religion. Partant, les dirigeants du Parti marocain de l’Istiqlal, du Néo-Destour tunisien et du Front de libération nationale algérien se sont donné rendez-vous dans la ville du Détroit pour approfondir la prise de conscience et la mobilisation des énergies et donner un nouvel élan aux mouvements de libération nationale en vue de recouvrer la souveraineté, la dignité et l’indépendance.
Les leaders desdits partis, réunis au Palais Marshan de Tanger, étaient convaincus que le moment était venu pour concrétiser cette volonté d’union dans le cadre d’institutions communes afin d’occuper la place qui leur sied au sein des nations. La conférence s’est soldée par l’adoption d’une résolution dans laquelle les participants ont affirmé leur volonté d’œuvrer à la réalisation de l’union, conscients de la nécessité d’exprimer la volonté unanime des peuples du Maghreb arabe d’unir leur destin et convaincus qu’il était temps de concrétiser cet objectif. L’institution en février 1989 à Marrakech de l’Union du Maghreb Arabe (UMA) se voulait le parachèvement de l’effort de 1958 et la consolidation de la marche de développement dans la région maghrébine pour concrétiser la solidarité effective entre ses composantes et garantir leur progrès économique et social. Un objectif qui relève du vœu pieux à cause, principalement, de l’aveuglement de l’Algérie dans sa relation avec le Royaume.
La célébration du 63ème anniversaire de la Conférence de Tanger est aujourd’hui un acte de volonté pour la relance de cette initiative historique commune. Dans Son discours à la Nation à l’occasion du 43ème anniversaire de la Marche verte, SM le Roi Mohammed VI était revenu sur « l’état de division et de discorde qui sévit actuellement au sein de l’espace maghrébin ». « Il s’inscrit en opposition flagrante et insensée avec ce qui unit nos peuples : des liens de fraternité, une identité de religion, de langue et d’histoire, un destin commun », avait souligné le Souverain, ajoutant que « cet état contraste avec l’ambition de concrétiser l’idéal unitaire maghrébin, qui animait la génération de la Libération et de l’Indépendance, ambition qui s’est incarnée en 1958 par la Conférence de Tanger (…) ». SM le Roi avait, en outre, annoncé la disposition du Royaume du Maroc au « dialogue direct et franc » avec l’Algérie et proposé la création d’un mécanisme politique conjoint de dialogue et de concertation afin de dépasser les « différends conjoncturels » entravant le développement des relations bilatérales. Le Souverain avait aussi souligné que depuis Son Accession au Trône, Il a appelé « avec sincérité et bonne foi » à l’ouverture des frontières entre les deux pays et à la normalisation des relations maroco-algériennes. Cette main tendue à l’Algérie, visant une fois de plus à dissiper les malentendus et mettre en place un cadre de coopération bilatérale, a été fortement saluée de par le monde. Mais l’inertie du régime algérien, qui continue de faire la sourde oreille face à la proposition Royale, dévoile sans ambages l’ineptie du palais d’El Mouradia qui ne dit toujours pas son nom.