La reconnaissance par les Européens de la souveraineté du Maroc sur le Sahara serait un “pas historique” qui ouvrira de nouvelles perspectives pour la région (universitaire)
Paris – Emboîter le pas aux Etats-Unis après leur reconnaissance le 10 décembre dernier de la pleine souveraineté du Maroc sur son Sahara serait pour les pays européens un « pas historique, qui ouvrira de nouvelles perspectives pour la région », a estimé Mohamed Ahmed Gain, président de l’Institut africain pour la consolidation de la paix et la transformation des conflits.
La décision américaine, qui s’inscrit dans le cadre d’une dynamique régionale et internationale, est un « pas courageux » et une “opportunité historique que les États européens doivent saisir, dans la lignée dans leur appui aux efforts sérieux et crédibles du Maroc, qui s’est toujours départi de la stratégie de pourrissement choisie par l’Algérie, pour parvenir à une solution politique définitive au différend régional sur le Sahara », a indiqué l’universitaire marocain dans un entretien à la MAP à la veille d’une conférence virtuelle sur le thème « Menace du polisario pour la région euro-méditerranéenne : une responsabilité indéniable de l’Algérie », organisée conjointement par l’Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE) et l’Institut Mandela. « Comme les Etats-Unis, les pays européens sont bien conscients qu’un micro-état failli sera une source pérenne d’instabilité. Il s’agirait à tous points de vue d’un État fantoche, sans autre fonction que celle de servir l’agenda hégémoniste de l’Algérie”, a-t-il affirmé. Revenant sur la situation des populations sahraouies séquestrées à Tindouf, M. Gain a fait observer que la communauté de la réflexion académique et de la recherche a toujours alerté la communauté internationale sur la situation exceptionnelle que vivent les populations des camps de Tindouf du fait des violations graves de l’Algérie au droit international humanitaire. « La communauté internationale est aujourd’hui confrontée au black-out imposé par l’Algérie sur les camps de Tindouf. L’Algérie bloque le recensement des populations des camps de Tindouf et l’évaluation de leurs besoins en termes humanitaires et de protection internationale”, a-t-il souligné. Et d’ajouter que le Conseil de Sécurité de l’ONU ne cesse d’appeler, depuis 2011, l’Algérie à se conformer à ses obligations en autorisant le recensement des populations des camps de Tindouf, rappelant que le HCR a “reconnu que c’est à cause de l’Algérie que le recensement n’a toujours pas eu lieu”. Si ce recensement n’a pas eu lieu, poursuit le président de l’Institut africain pour la consolidation de la paix et la transformation des conflits, c’est parce que l’Algérie a peur que les chiffres gonflés et fictifs qu’elle a inventés pour camoufler le détournement des aides humanitaires et l’enrichissement des apparatchiks du polisario ne soient révélés au grand jour. La communauté internationale doit agir de concert pour révéler la situation tragique vécue par les populations des camps de Tindouf et permettre à ces populations de regagner leur mère-patrie et contribuer ainsi au développement de leur région, a-t-il indiqué, notant que l’Algérie devra assumer ses responsabilités devant la communauté internationale d’avoir séquestré pendant plusieurs décennies les populations des camps dans des conditions indescriptibles. « La responsabilité de l’Algérie dans la genèse, l’évolution et la persistance de ce différend est établie sur les plans politique, diplomatique, militaire, et humanitaire », fait observer l’universitaire pour qui il s’agit d’une « responsabilité imprescriptible ». « C’est l’Algérie qui a créé le polisario, en 1973. Et c’est l’Algérie qui arme et finance le polisario et mobilise tout son appareil diplomatique au service des thèses séparatistes », insiste-t-il, ajoutant qu’Alger n’a lésiné sur aucun moyen dans le cadre de sa « diplomatie du chéquier » pour faire admettre, à coups de pétrodollars, la pseudo « rasd » à l’Organisation de l’Unité Africaine aujourd’hui l’UA, en violation flagrante de sa Charte, et arracher des reconnaissances de cette entité qui ne jouit d’aucun attribut d’un État selon le droit international. A ses yeux, l’Algérie est « le porte-parole attitré » des séparatistes, relevant que le voisin de l’Est doit jouer un rôle à la hauteur de sa responsabilité historique, car c’est lui qui a créé, entretenu et maintenu le différend régional sur le Sahara marocain. « L’Algérie doit aujourd’hui présenter, devant la Communauté internationale, sa vision pour parvenir à une solution définitive », note M. Ahmed Gain, ajoutant que conscient de cette responsabilité historique, le Conseil de Sécurité, et à travers lui la Communauté internationale, exige de l’Algérie de rester engagée dans un esprit de réalisme et de compromis dans le processus des Tables rondes, en tant que partie principale au différend sur le Sahara. « La clé pour clore ce différend se trouve à Alger, mais on doit s’interroger si l’Algérie est prête à aller de l’avant, compte tenu de sa situation interne difficile, marquée par une contestation qui ne faiblit pas d’un régime en déliquescence », conclut-il.